Un militaire condamné à 30 ans de travaux forcés pour viol
La cour criminelle de Brazzaville a lourdement condamné et, sans sourciller, à 30 ans de travaux forcés un caporal-chef des Forces armées congolaises (FAC) pour avoir violé une fille de 26 ans. C’est après quatre ans de patience que cette procédure judiciaire a enfin abouti au grand soulagement de la victime qui réclame réparation.
Le juge s’est montré impitoyable face à ce crime. Malgré sa carapace d’agent de la force publique, le caporal-chef Amboulou a écopé d’une sanction exemplaire qui fera date dans l’histoire de la justice congolaise. Car, en effet, jamais dans une affaire de viol, un militaire n’a aussi été lourdement condamné. Il semble que la justice reprend ses marques.
Dans un communiqué publié le 15 juin à Brazzaville, l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) a salué la décision rendue par la justice congolaise. « Pour l’OCDH qui accompagne ce dossier depuis 2014, il s’agit d’une victoire dans la lutte contre l’impunité des crimes à caractère sexuel », a écrit l’ONG dans son communiqué, faisant par ailleurs remarquer que « cette victoire ne doit pas édulcorer les faiblesses sérieuses de la justice congolaise ».
Le caporal-chef Amboulou a pu être jugé. Les faits remontent à septembre 2014 lorsque le soldat a simulé un appel téléphonique pour attirer sa victime dans un traquenard. Plan réussi, le bourreau a séquestré la fille de 26 ans, l’a maitrisée avec une taie d’oreiller, le tout ajouté d’un bon volume de musique pour détourner l’attention de tout curieux. Depuis, la victime a tenté d’obtenir justice, mais sans succès.
Le coupable n’est pas en détention. Les autorités judiciaires devraient donc le retrouver afin qu’il purge sa peine en prison, a recommandé l’OCDH.
D’après les rapports publiés par les ONG, les personnes en uniforme sont souvent impliquées dans cas de viol au Congo. Mais, leur statut d’agent de l’ordre rend difficiles leurs poursuites judiciaires. Leur hiérarchie manifeste très souvent de la mauvaise foi pour les livrer à la justice. Et une fois que le juge exerce de fortes pressions sur les autorités militaires afin que le suspect lui soit rendu, le magistrat reçoit des menaces pour abandonner la procédure. Et plusieurs affaires similaires ont été abandonnées à cause de la non-coopération des chefs militaires.
Mais les cas de viol ne sont pas seulement du fait des agents de la force publique qui s’illustrent par ces actes dans les quartiers et sur le terrain des opérations comme dans le Pool. Les civils aussi violent allègrement et parfois impunément des enfants, des jeunes filles et des femmes très âgées. Le règlement à l’amiable est souvent encouragé dans la société pour étouffer le problème. Une douleur qui cisaille la vie de la victime pendant des années.
Le verdict ainsi prononcé par la cour criminelle de Brazzaville devrait donc servir de jurisprudence pour les autres délinquants qui courent encore dans la nature.