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VMK produit ses premiers téléphones à Brazzaville

Mpila, quartier Est de Brazzaville, a vu son statut de ‘’zone industrielle’’ de la capitale congolaise être renforcé. Le premier téléphone est sorti le 13 juillet 2015 de l’usine d’assemblage de l’entreprise VMK (Vumbuka, ou réveillez-vous en langue kituba) que dirige le jeune inventeur congolais Vérone Mankou, 29 ans. C’est la première usine de cette nature installée dans un pays d’Afrique francophone.

À première vue, le bâtiment de deux niveaux qui abrite l’usine de VMK n’a presque l’air de rien. Au rez-de-chaussée : un compartiment en verre laisse entrevoir des vêtements exposés dans une boutique. Un ascenseur – un peu classique-  permet aux  visiteurs d’accéder au deuxième étage où se trouve l’usine qui s’étend sur une superficie de plus de 50 mètres carrés. Quelque 80 ouvriers y évoluent sous la supervision de deux experts chinois qui les forment en même temps.

Les mesures de sécurité sont de rigueur : des blouses et des casquettes sont imposées à tous ceux qui entrent dans l’usine éclairée par une  lumière blanchâtre; ce qui lui donne l’image d’un bloc opératoire. Les ouvriers, installés sur deux rayons, travaillent sans répit. Mais, leur inquiétude est régulièrement perturbée par les sonneries des téléphones en essai.

VMK produit quatre modèles de téléphones, allant de 11.900 francs CFA (18,1 euros) pour Elikia XS à 64.900 F CFA (98,94 euros) pour l' »Elikia L », et veut rendre ses produits et la technologie accessibles au plus grand nombre. Pour l’heure, seul le téléphone Elikia XS sort de l’usine encore en phase d’expérimentation.

Chaque ouvrier se sent heureux d’apporter une touche à la technologie désormais transférée dans un pays à vocation plutôt agricole. « Je confirme qu’aujourd’hui en Afrique, plus précisément au Congo, il y a des téléphones qui sont montés et fabriqués ici par les Congolais. Quand  nous mettons un téléphone au début de la chaîne jusqu’à la fin, il nous faut une minute si les gens travaillent rapidement, sinon c’est 5 minutes », commente, sourire aux lèvres, Junior Samba, chef technicien de l’usine qui ajoute : « Pour l’heure,  comme les gens sont en formation, on fabrique  autour de 400 à 500 téléphones par jour. Quand l’usine aura atteint sa vitesse de croisière, ce nombre passera à 1.000 téléphones par jour ».

« Consommer les produits VMK, c’est une fierté », se félicite pour sa part Joël Sita qui travaille à dévisser les téléphones. Depuis 2011 les produits VMK (tablettes, Smartphones et téléphones basiques) étaient assemblés en Chine en raison des prix légers et abordables. Dans l’usine de Brazzaville, les coques sont encore importées de Chine, en attendant l’installation d’une unité de production de cette matière sur place.

Le chiffre 350.000

Telle est la capacité de production mensuelle. En effet,  « Actuellement, la capacité de l’usine est de 350.000 pièces par mois donc autour de 4 millions d’unités par année. Dans cette usine, on ne va pas seulement assembler des téléphones, mais aussi des tablettes, des ordinateurs portables, des montres intelligentes », affirme Vérone Mankou, assis dans son spacieux bureau arborant un blazer bleu de nuit. VMK a de grandes ambitions et visées. La firme veut étendre sa zone d’intervention, notamment sur le continent africain qui ne dispose presque pas d’écoles de formation pour la fabrication des téléphones portables.

« Nous avons même des entreprises installées en Chine qui ont accepté de venir assembler leurs produits au Congo pour le marché africain. Beaucoup de travail sera fait ; pas seulement du VMK », ajoute M. Mankou visiblement optimiste.

« Nous sommes en train de parler avec une vingtaine de fabricants et sept ont déjà accepté de travailler avec nous. C’est en ouvrant l’usine aux autres fabricants que nous gagnerons en crédibilité. Avec cette capacité VMK seule ne pourra pas », poursuit-il.

L’Afrique absente dans les technologies ?

Depuis le début de ses activités VMK a déjà fabriqué plus de 100 mille appareils. Ses produits sont venus au Congo et depuis le début de cette année en Côte d’Ivoire. La firme vise désormais deux grands pays d’Afrique qui connaissent une explosion démographique : le Nigéria (plus de 160 millions d’habitants) et la République démocratique du Congo (plus de 70 millions d’habitants).

Le projet de l’usine d’assemblage de Brazzaville aurait pu démarrer dès le premier trimestre 2015, mais il a pris du retard pour raison de financement. « Les difficultés les plus grandes qu’on a eues à surmonter ne sont pas vraiment les obstacles techniques, mais plutôt psychologiques. On a en face de nous des partenaires et des investisseurs qui ne comprennent pas, qui ne pensent pas qu’il est possible de faire ce que nous sommes en train de faire… »,  se lamente Vérone Mankou.

Le jeune ingénieur espère tout de même les réalisations de VMK feront changer les choses. Quant au coût de financement de l’usine, il n’ose pas l’avancer. « Elle a coûté des millions de dollars », raconte-t-il, relevant un important coup de pouce du gouvernement.

« L’Afrique est attendue dans les domaines de l’agriculture, des énergies renouvelables, des hydrocarbures ou encore de l’élevage. Mais, dans la technologie personne ne nous attend », analyse Vérone Mankou qui voit et pense l’Afrique autrement.

1 Comment

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