Le voyage sur le fleuve, encore un chemin de la croix

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L’Etat ne dispose plus de bateaux de voyage. Tout le confort des cabines connu dans les années 1980 n’est plus qu’un simple souvenir. Les bateaux de transport public comme Ville d’Impfondo, Ville de Brazzaville, 5 Février,  Ville de Mossaka… renforcent aujourd’hui le cimetière de bateaux au port fluvial. Le dernier bateau réhabilité, il y a deux ans, dans les chantiers navals de Kinshasa, n’a jamais été remis à flots.

Le trafic des passagers est donc tombé entre les mains des opérateurs privés. Ces armateurs affrètent bateaux, baleinières, canots rapides, ou pirogues motorisées, toutes sortes d’embarcations au transport des populations. Si la traversée entre Brazzaville et Kinshasa se fait dans de conditions acceptables de rapidité (5 minutes) et de confort, 80% des voyages sur le fleuve Congo se fait sur des barges à ciel ouvert et des bateaux non équipés de cabines. Trois conditions essentielles pour mouiller un bateau privé sur le Congo : un certificat de navigabilité, un certificat de jaugeage, et une attestation d’immatriculation du bateau. Le tout pour un coût de 30.000 francs.

Une douzaine de baleinières accostent régulièrement au débarcadère de Yoro, selon la Direction générale des voies fluviales. Les plus connus comme Patience, Kibwadi Ley, Victoria, Tortue 3, transportent les passagers aux ports de Makotipoko, Ngabe, Lefini, Liranga ou bien loin à Kuamutu, Lukolela ou Bolobo en RDC. De nombreux bateaux centrafricains aussi font du trafic sur le fleuve.

Sur des barges, les passagers voyagent sous des abris de fortune faits de bâches et de nappes. Durant le parcours, ils devront cohabiter avec les sacs de ciment, de farine, d’arachide, de café ou de maïs. Les bêtes, la volaille, du poisson, de la banane, du foufou ou des produits manufacturés sont aussi de la compagnie. Avant de lever l’ancre, un bateau peut passer une à trois semaines à quai pour son chargement. A bord, des passagers incertains piaillent. Une vie de bateau marquée par des scènes de pêche, de cuisine, de bar et de marché.

Il y a environ deux décennies, les usagers passaient par le port de Mossaka sur le fleuve Congo pour aller à Oyo sur l’Alima, son affluent. Aujourd’hui, la donne a changé. Oyo joue le port de transit pour le reste de la partie nord. Les passagers, pour limiter leur calvaire, empruntent les bus à partir de Brazzaville, avant de prendre des baleinières jusqu’à Mossaka. Ici, le voyage est un pire cauchemar. Il faut en moyenne 10 heures pour partir d’Oyo à Mossaka et environ 24 heures pour remonter dans le sens contraire. Le voyage se fait par pirogue motorisée et coûte 6.000 francs la place. « Tout le week-end et lundi, nous sommes débordés par les passagers et les marchandises », indique Henri Mouangou, caissier au port d’Oyo.

Ceux qui voyagent sur des barges passent jusqu’à une semaine en temps d’étiage pour atteindre leur destination. Les passagers de Brazzaville payent 18.000 pour Bétou, 13.500 pour Impfondo et 8.500 pour Mossaka. Les armateurs misent sur le transport marchandises. « Avec une consommation 40.000 litres de carburant par voyage, le transport de passagers ne peut compenser ces dépenses. Nous privilégions donc les marchandises, même si le chargement doit prendre un mois », déclare le directeur technique du bateau Tumaï 2.

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