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La bibliothèque nationale dans l’amateurisme et la mauvaise localisation

La bibliothèque nationale du Congo est située aux abords de la forêt de la Pette d’oie, en face du collège populaire Nganga Edouard. Mais très peu d’amoureux de lecture savent où se trouve la grande bibliothèque du Congo.

Des réponses tombent de partout et de travers lorsqu’on demande à quelques Brazzavillois de situer la bibliothèque nationale. « Ce n’est pas loin de Congo-Pharmacie » ou « C’est vers ex-Trésor », ou encore « C’est au rectorat ». Très peu disent avec précision que c’est à l’angle de l’avenue, en diagonale de l’établissement scolaire Nganga Edouard, partageant un mur avec le Centre national de lutte contre le Sida (CNLS).

Son unique salle de lecture, s’ouvre sur un décor plutôt sobre. Dix-huit places à la disposition des lecteurs. Ces derniers  arrivent  à  compte-goutte. Le silence des livres rime avec le silence des lieux. Un étudiant en Histoire à la faculté des Lettres  consulte « Les fabuleux empires disparus ». A l’autre bout de la table, un autre consacre sa fouille à la Théologie. Sur un livre fermé en face de lui,  on peut lire « La Bible ».

Au centre de la  salle, quatre collégiennes. Lisent-elles vraiment ?  Elles  tournent  et retournent  plutôt les pages des nouvelles qu’elles tiennent  ouvertes  sous leurs yeux. De part et  d’autre de la pièce, des rayons peu équipés. Des romans ?  Pas autant que ça pour une bibliothèque nationale. Des encyclopédies ? Peut-être pas assez. Des anthologies ? Plutôt éparses.

Andréa, étudiante en série A,  au lycée Pierre Savorgnan de Brazza à Brazzaville déclare : « C’est l’anthologie de Jean Baptiste Tati Loutard qui m’a conduit  ici. Seulement, l’ouvrage reste introuvable sur les rayons ». Et les documentaristes conscients d’avoir enregistré cet  ouvrage dans les bordereaux  fouillent  et  farfouillent  encore. Et l’étudiante décidée de ne pas rentrer bredouille, attend toujours.

Il faut avouer que depuis  son aménagement, la bibliothèque nationale du Congo ne s’est pas encore remise sur pied. Il y règne un sacré désordre que viennent  confirmer les propos de Mireille qui ne nous dit pas plus sur sa personne : « J’ai passé près de 20 minutes à attendre comme une cruche avant qu’on ne m’apporte enfin la « Nouvelle voix de la poésie congolaise » de Bienvenue Boudimbou ».  Comment voulez-vous que le  système fonctionne lorsque les documentaristes sur le  terrain ne disposent d’aucune formation en amont ?

Mais ce désordre n’est pas  sectoriel. La majorité des  écrivains congolais passent outre le dépôt légal  de leurs œuvres après la parution, violant ainsi la loi qui leur exige de déposer un seul exemplaire à la bibliothèque nationale pour permettre aux lecteurs de le consulter à temps voulu. « Nous n’avons pas eu du mal à rassembler les ouvrages du général Eta Onka  qui les a dernièrement réclamés  pour une duplication » a  reconnu quand même le directeur du centre.

Avec un accès  gratuit, le mode de consultation des livres  est « directe »  à la bibliothèque nationale du Congo où le lecteur est libre de sillonner dans toute la salle. Libre à lui de faire son choix  tel l’expliquent à la sortie ces quatre collégiennes : «. A l’entrée,  on laisse les sacs pour prendre un jeton.  Une fois à l’intérieur on procède au choix du livre avant de se rapprocher  de la banque de prêt  pour se faire  enregistrer. Personne ne nous oriente lorsque nous cherchons  de quoi lire. Tout dépend de nous- même ». 

Mais là n’est pas la question. Ces filles y trouvent-elles satisfaction ? Sarah, l’une d’elles, répond : « Pour être sincère, nous y venons pour la bonne forme. Rien ne nous intéresse vraiment. Nous  venons ici aux heures de permanence  pour ne pas trainer dans la cour, mais on dirait que les livres qui s’y trouvent ne sont pas à notre niveau».