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Brazzaville prépare un nouveau sommet sur la Libye

Le Congo abritera le 9 septembre un sommet sur la crise libyenne. Le président Denis Sassou N’Guesso, nommé en 2016 par ses pairs de l’Union africaine (UA) pour piloter les négociations de haut niveau sur la Libye, est en train de tout mettre en œuvre afin que cette réunion se tienne à Brazzaville.

Le ministre congolais des Affaires étrangères Jean Claude Gakosso s’est rendu le 30 août à Tunis en Tunisie pour inviter le président Béji Caïd Essebsi à se rendre à la réunion de haut niveau de Brazzaville. Les autorités congolaises ont toujours souhaité associer les leaders de la sous-région et des pays du Maghreb dans le règlement de la crise libyenne. L’Egypte, l’Algérie et le Maroc notamment sont acteurs importants dans cette crise. L’arrivée de la Tunisie au plus haut niveau ne devrait que renforcer la confiance entre frères ennemis libyens.

Dans une vidéo mise en ligne sur la page de la présidence, le ministre Jean Claude Gakosso a affirmé que « le comité de haut niveau sur la Libye était la part contributive du continent africain à la recherche de solutions aux problèmes forts complexes de la Libye ».

Les autorités congolaises font feu de tout bois, afin qu’un plus grand nombre d’acteurs participent à cette réunion. « Les contacts ont été établis tous azimuts avec tous les protagonistes dans cette crise, avec les chefs de tribus, les chefs militaires et les leaders politiques », a indiqué Jean Claude Gakosso, ajoutant que Brazzaville abritera  le 9 septembre un sommet des chefs  d’Etat membres de ce comité, qui comprend dix pays dont ceux limitrophes comme la Tunisie, ainsi que la représentation des Nations-Unis pour la Libye.

La capitale congolaise avait déjà abrité le 27 janvier dernier une réunion similaire. Une feuille de route avait été mise en place dans le but de permettre le dialogue entre communautés protagonistes. Les chefs d’Etat présents à Brazzaville avaient lancé un appel au dialogue « sans discrimination entre les communautés », et interpellé la communauté internationale pour ne pas laisser la Libye sombrer dans la chaos.

Récemment, le président français Emmanuel Macron a organisé une réunion sur cette crise. Plusieurs chefs d’Etat africains faisant partie du comité de haut de l’UA sur la Libye dont Idriss Deby Itno du Tchad ou Mahamadou Issoufou du Niger ont été conviés. Dans leurs discussions, les leaders africains ont demandé une implication importante de la France, notamment dans l’apport des financements.

Mais Denis Sassou N’Guesso, chargé par l’UA de conduire les discussions sur la Libye n’a pas été invité en France. Cela pourra s’expliquer par la froideur des relations entre Paris et Brazzaville, due notamment par de nombreuses affaires en justice que la France initie contre le Congo. Mais aussi par le fait que le président Macron qui avait déjà réussi à mettre le 1er août dernier autour d’une même table les deux leaders libyens (Fayez al-Sarraj et Khalifa Haftar), tienne à poursuivre son œuvre à succès.

Brazzaville sait par ailleurs que le pilotage du dossier sur la crise libyenne nécessite un soutien des pays voisins de la Libye et surtout de la France et des Etats-Unis, voire de l’Italie. L’Europe subit l’impact de la déliquescence de l’Etat libyen, aujourd’hui subdivisé par les communautés qui se sont emparées de différents puits de pétrole. Ce sont désormais les chefs de tribus qui négocient le prix de pétrole avec les acheteurs internationaux, mais surtout le prix de la paix avec la communauté internationale. L’Etat libyen n’existe plus depuis la mort du guide Mouammar Kadhafi en 2011.

Les embuches ne manquent pas sur le chemin de la paix. Denis Sassou N’Guesso l’a déjà expérimenté dans le cas de son propre pays, notamment dans le département du Pool où le feu de la violence est loin d’être défensivement éteint. C’est pourquoi le chef de la diplomatie congolaise essaie de rallier le plus de monde dans le camp de Brazzaville.