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Brazzaville s’apprête à conclure un programme avec le FMI

La Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) annonce pour début septembre la conclusion d’un programme entre le Congo et le Fonds monétaire international (FMI). Secoué de plein fouet par une crise économique et financière qui n’arrête pas de déjouer tous les plans de développement initiés par les autorités, le Congo, qui avait longtemps hésité de se mettre sous programme avec le FMI, devrait accepter les conditions de cette institution du Breton Wood pour espérer mettre en œuvre son programme de développement.

C’est loin de la capitale congolaise, à N’Djamena au Tchad, que le gouverneur de la BEAC, Abas Mahamat Tolli a annoncé la nouvelle, révélant dans la foulée que le Cameroun, la Centrafrique, le Gabon et le Tchad avaient depuis quelque temps conclu ce programme avec le FMI. Le Congo qui avait un moment fait le dos rond a finalement rejoint les quatre pays de la CEMAC qui sont déjà sous perfusion du FMI.

Signer avec le FMI est une voie de sortie, bien que cela soit très tôt pour un pays qui a brassée des milliers des milliards de francs CFA. Le surendettement a presque succédé la surliquidité tant vantée. Malgré les conditions, souvent difficiles et drastiques des programmes avec le FMI, le Congo n’a plus de choix. Il lui faut de l’argent frais pour financer son économique. Les premières tentatives consistant à lever des fonds sur le marcher financier sous-régional ont certes été concluantes, mais le danger couvait toujours. Tous les indicateurs sont quasiment désormais au rouge.

A la vérité, le Congo traverse une très mauvaise situation économique. Son endettement a atteint des niveaux insupportables et proches de l’insolvabilité. La dette du Congo a longtemps dépassé 77% du PIB, la norme fixée par la CEMAC. Avec un budget de 2.744 milliards de francs CFA pour 2017, le pays doit faire face à un service de la dette de beaucoup de milliards.

La situation monétaire du pays n’est pas reluisante. Les avoirs nets du Congo n’existent plus, ils sont même creusés jusqu’à 45%. La masse monétaire est également déficitaire, moins de 11%. Le PIB constant du Congo connaît une variation annuelle de l’ordre de 3,8%. Mais le PIB dû au pétrole lui a drastiquement chuté jusqu’à environ 15%. La dette publique qui représentait encore 54% du PIB en 2015 s’est aujourd’hui alourdie à plus de 83%, dépassant largement les fameux 77% fixés par la CEMAC.

L’encours est important, à tel point que plus de 87% de la dette du Congo sont constitués des emprunts extérieurs. La dette intérieure que réclament souvent les opérateurs économiques comme les Djibril Aboudoulaye Bopaka, est essentiellement constituée de la dette commerciale, et ne représente que 23% de toute la dette du Congo.

Mais alors, comment le pays est-il allé s’endetté en si peu de temps, car il y a trois ans, d’importantes épargnes étaient annoncées devant le parlement, pendant le vote du budget ? Ces budgets ont atteint des sommes faramineuses de plus de 4.000 milliards de francs CFA que le Congo n’a jamais atteints en budget.

Avec la chute des cours des matières premières, le Congo ne vend plus comme avant son pétrole, le premier produit d’exportation, représentant quelque 90% du commerce avec l’étranger. En 2014, ces exportations avaient déjà chuté de 36%, soit une baisse commerciale de l’ordre de 72%.

Le Congo a gardé espoir sur la remontée des cours du pétrole, et de l’ensemble des matières premières pour pouvoir se relancer, notamment démarrer enfin son industrie minière. Mais, deux années successivement la croissance a touché le fond, soit moins de 1%, selon les conclusions du Comité monétaire national. Les banques, autrefois saluées pour leur surliquidité ne manquent pas d’argent, certes, mais on assiste à une régression inquiétante des encours des banques congolaises qui se sont établis à moins de 12,1%. Aujourd’hui, l’ensemble de ces encours bancaires continuent de dégringoler à déjà 15%, alors qu’ils n’étaient que de 4,4% en 2014.

La situation économique des pays de l’Afrique centrale menace la valeur du francs CFA, leur monnaie commune. La BEAC devrait user de beaucoup de stratégies et de pertinence pour que cette devise ne chute pas comme en 1994. Cela pourra alors provoquer une double crise de ces pays qui ploient déjà sous le coup des matières premières.