Close

Les Brazzavillois oubliés du quartier Sadelmi

Les populations du quartier Sadelmi à Mfilou, le septième arrondissement de Brazzaville, qui s’apprêtent à élire leur énième député, vivent dans un grand désarroi. L’eau potable, l’électricité, un centre de santé de qualité, l’accès au reste de la capitale et la sécurité, restent un vrai cauchemar pour ces Brazzavillois bientôt soumis à la danse des prétendants à la députation et au conseil municipal.

Une marre intarissable causée par les eaux usées des ménages à Sadelmi

Vivre à Sadelmi relève du courage. Tout est difficile dans ce quartier enclavé, qui n’a qu’une voie d’accès par véhicule, qui est par ailleurs menacée par l’érosion. « Par manque d’une voie goudronnée avec canalisation, nos maisons sont menacées par les érosions qui avancent à grands pas chaque fois que la pluie tombe », se plaint Laurent Nkodia, agent de sécurité à l’aéroport Maya-Maya, vivant dans le quartier.

Ici, le prix du transport en commun par bus est de 200 francs CFA, différent du tarif officiel de 150 francs CFA fixé par les autorités. Donc 400 francs CFA pour sortir faire des courses et revenir. Le receveur du bus Serge Bazebi justifie ce prix par le mauvais état de route.

Quant à la course de taxi, il ne faut pas y penser. Les quelques taxis qui se hasardent à Sadelmi n’hésitent pas de demander  5.000 francs CFA pour une seule course. La raison est toujours l’enclavement du quartier et l’état de la route qui abime les accessoires de la voiture. Quand il pleut, le prix du bus monte jusqu’à  500 francs par personne. « Qu’avons-nous fait au bon Dieu pour mériter cela », s’alarme Laurent Nkodia d’un ton lugubre.

Le quartier Sadelmi se situe dans les hauteurs des collines derrière la mairie de Mfilou. Pour y accéder, il faut passer par la cité dite des 17. « Jusqu’à la cité des 17, la voie est goudronnée. Mais, la chaussée bitumée a subi une dégradation relativement avancée. On n’y peut rien », ajoute Nkodia, résigné.

Le quartier Sadelmi ne dispose que d’une seule école primaire publique. Pour les populations, cette école ne répond plus, car elle compte plus de 2.000 élèves dans les deux vagues. Il n’y a pas de collège ni de lycée. Après l’école primaire, les enfants vont soit à Ngambio ou à Moukondo pour poursuivre le cycle secondaire.

Un bus embourbé dans une marre intarissable à Sadelmi

L’hôpital fait aussi défaut dans ce quartier. « Nous avons un district sanitaire qui n’a qu’une chambre et un salon et ressemble plus à un dispensaire. Les soins ne sont pas de qualité. Il est juste bon pour se faire des injections. Ce sont les cliniques privées qui nous viennent en aide ici. Même dans ces centres, on ne cherche plus à savoir si la personne est qualifiée ou non. On sait que pour un cas grave, on va au CHU ou à l’hôpital de Base de Mfilou », indique David Ndalla, un chauffeur au chômage.

L’eau et l’électricité y font aussi défaut. Les populations estiment qu’il n’était pas normal que le quartier se trouvant non loin de la centrale Tchelampo de la Société nationale d’électricité (SNE) manque d’électricité. Lampes à pétrole, groupes électrogènes maintiennent la modernité dans ce quartier.

Du côté d’eau potable, le réseau de la Société nationale de distribution d’eau (SNDE) n’approvisionne pas le quartier. Les habitants utilisent pour la boisson et les autres travaux de ménage l’eau du forage. « Une eau qui n’est même pas traitée», décrient-ils.

Les habitants se plaignent de la qualité de la nourriture qu’il y a dans leurs deux petits marchés. Dans ces marchés, on y trouve plus de poissons congelés, salés et fumés (harengs). Il n’y a pas la possibilité de varier les aliments pour diversifier les mets dans les foyers. Même quand le portefeuille est garni, les étages eux sont asséchés. Les prix des marchandises sont en nette augmentation par rapport à ceux des marchés de Moukondo ou de Total à Bacongo.

Devant ce tableau constitué de plaintes et de douleurs, les populations de ce quartier n’attendent rien de bon des législatives. Pour elles, les nombreux députés n’ont pas été à la hauteur de leur tâche, puisque leurs conditions de vie n’ont pas changé. Au contraire, elles ne font que se dégrader chaque jour.