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Le Congo se garnit pour affronter le FMI

Le président Denis Sassou N’Guesso a mis en place une équipe pour mener les négociations avec le Fonds monétaire international (FMI). Cette commission comprend un comité politique dirigé par le Premier ministre Clément Mouamba, et un comité technique sous la responsabilité du conseiller spécial aux financements extérieurs du chef de l’Etat.

L’arrivée de la mission du FMI à Brazzaville doit être confirmée pour le 27 septembre. Le Congo tient à passer cette épreuve avec succès et même déjà espérer entrer en programme avec le FMI dès décembre 2017. Mais avant tout, le pays devrait se montrer très coopérant en passant toutes les informations économiques nécessaires pour huiler les négociations entre les experts de deux bords.

Le Congo a déjà fait un faux-pas en communiquant au FMI de très fausses informations sur sa dette extérieure qui a gonflé en si peu de temps à 117% du Produit intérieur brut (PIB). A l’époque, les autorités n’avaient parlé que 77% du PIB. Ce qui dénote de la mauvaise foi des Congolais. Les spéculations et les gros doutes demeurent sur le vrai montant de la dette congolaise. Les autorités ne communiquent pas, et les institutions financières internationales qui semblent avoir audité la fameuse dette ne vont pas plus loin dans la démonstration de ce qu’elle aurait atteint ou dépassé les 120% du PIB. Et dans les quartiers de Brazzaville, on ne se bouche pas les oreilles d’apprendre des chiffres effarants comme 150% du PIB pour cette dette.

C’est pourquoi, pour les négociations qui s’annoncent, la transparence doit être de mise. Aucun montage financier, aucune facturation, encore moins une tentative de soudoyer les missionnaires, ne devraient hanter les membres de la commission chargée des négociations avec le FMI.

L’équipe mise en place par le chef de l’Etat doit forcément être la mieux outillée possible, car le Congo ne manque pas de cadres en la matière. L’échec n’est pas envisageable par les temps qui courent. Les temps de la crise et de la montée de pauvreté. Pour les autorités congolaises, la conclusion d’un programme avec le Fonds permettra de créer les bases d’une nouvelle croissance économique.

Malgré la persistance des informations sur la présence du Français Dominique Strauss-Khan, ancien directeur du FMI, dans le sillage du président Sassou N’Guesso pour donner plus de chances à ces négociations, son nom n’a officiellement pas été cité dans les deux comités. Ce qui signifie que Strauss-Khan devrait continuer de travail dans l’ombre pour éviter des interférences imputables au pays.

Le FMI n’est pas une panacée. Mais le Congo nourrit de grandes attentes vis-à-vis de l’institution de Breton Wood. Une série de réformes suivies d’appui budgétaire pourra faire du Congo un pays d’espoir. Sa situation économique et financière actuelle est très peu enviable. Les analystes les plus acerbes affirment que le pays est en cessation de paiement. Les salaires ne sont plus versés au CHU et à l’université Marien Ngouabi depuis plus de trois mois. Les étudiants n’ont plus reçu leurs bourses depuis 9 mois, alors que les retraités réclament autant de mois des pensions impayées.

La vérité c’est que le Congo file du très mauvais coton. Le pays occupe les derniers rangs au niveau de la Communauté économique et monétaire des Etats de l’Afrique centrale (CEMAC), concernant plusieurs indicateurs qui sont quasiment au rouge. La croissance est au plus mal, -2,8% en 2016 et aurait poursuivi la chute à -3% cette année. L’économie basée essentiellement sur le pétrole ne respire plus depuis des mois.

Les recettes budgétaires sont en baisse drastique perpétuelle, et la descente a dépassé les 33%. Et la remontée des cours n’est pas pour très proche. Selon les prévisions, jusqu’en 2020 la situation ne devrait pas s’améliorer. Le baril devrait se négocier à moins de 60 dollars. Or le Congo a réussi à vendre son pétrole à plus de 100 dollars pendant la période de vaches grasses.

Si le Congo passe son épreuve avec le FMI, il est possible d’observer une reprise de la situation jusqu’à 1% du PIB fin 2018. Le déficit budgétaire qui est à 120% pourrait en même temps bouger à 115% dans la même période. Au niveau de la sous-région, le Congo détient une dette consolidée de 572 milliards de francs CFA, mais dont il ne pourra pas se débarrasser avant 2021, selon les prévisions.

D’ailleurs les autorités ont toujours estimé que la situation n’était pas alarmante, « le Congo n’est pas en banqueroute », calmait le chef de l’Etat.