Des battantes dans l’entrepreunariat feminin
Fières de leur liberté, les femmes congolaises s’impliquent dans le développement du pays en exerçant plusieurs activités. Dans les entreprises comme dans les associations, les femmes créent de l’emploi et soutiennent leurs collègues. Dans les protraits qui suivent, Vox Eco présente Lynelle Mbobi, Eve Ndinga-Oba, Mildred Moukenga et Andréa Talansi, des battantes qui font bouger le monde de l’emploi à Brazzaville.
Lynelle Mbobi : « Il fallait être un peu fou pour quitter son confort »
Congolaise de la diaspora, Lynelle Mbobi est cofondatrice de l’Assistance dépannage et remorquage automobile (ADRA). Exerçant 24 heures sur 24, ADRA a su se faire un nom à Brazzaville en formant ses propres chauffeurs.
Face à l’inexistence d’une vraie société de dépannage d’automobile à Brazzaville, Lynelle Mbobi et ses deux collègues décident de créer ADRA. Une aventure qui va bientôt s’avérer fructueuse.
Gérante associée d’ADRA à Brazzaville, Lynelle Mbobi s’est inspirée d’Hervé Druyet pour monter sa société. « C’est lui qui nous a incitées à lever cette société. Il nous disait qu’il fallait être un peu fou pour quitter son confort ». Un confort que Lynelle a pu quitter en s’installant définitivement au Congo depuis 2009. «J’étais bien là où j’étais », avoue-t-elle.
Détentrice d’un DEUG de l’université de Paris 8, Lynelle Mbobi, la quarantaine bientôt, a aussi travaillé pendant onze ans dans le groupe Axa, une entreprise française d’une trentaine d’années, spécialisée dans l’assurance technique médicale, dans l’urgence automobile et dans le dépannage.
Eve Ndinga, spécialiste du personnel intérimaire
Eve Ndinga-Oba est rentrée du Canada après un bachelord en administration des affaires. Elle a créé NOBA, en 2012, un cabinet de recrutement du personnel intérimaire ou permanent dans différents domaines.
Avec un capital de 10 millions de francs CFA, Eve a créé sa boîte pour rendre service à des milliers d’étudiants qui se retrouvent sans emploi. Une quarantaine d’intérimaires fait déjà partie de la société. NOBA, c’est aussi cinq agents permanents. La société examine minutieusement le profil du demandeur d’emploi afin de lui trouver un travail convenable. « Nous sélectionnons les poslutants par rapport à leurs diplômes et leurs compétences. Nous les mettant ensuite en relation avec les entreprises dans l’espoir d’une embauche », explique Eve Ndinga-Oba
La jeune patrone de NOBA n’évolue pas sans difficultés. « Ce n’est pas parce qu’on est une femme qu’on va se laisser faire. Il faut se battre », clame-t-elle, déterminée à mener son œuvre jusqu’au bout.
NOBA s’est imposé dans l’environnement entrepreunarial congolais. La société réussit à placer des jeunes congolais là où seuls les expatriés étaient attendus. « A travers nos communications, nous sommes de plus en plus écoutés », indique Eve, révélant que même l’Office national de l’emploi et de la main d’œuvre (ONEMO) leur confie aussi des marchés ainsi que certaines banques comme la BCI.
Le plus dur étant fait, la patrone de NOBA veut maintenant s’installer à Pointe Noire afin de nouer de nouveaux partenariats.
Andrea Talantsi vise le marché des tissages de l’Afrique centrale
Propriétaire depuis 2013 de la boutique « Andréa’s Hair », Andréa Talansi, 25 ans, vend des articles de beauté et des mèches de cheveux. Revenue au Congo, après un long séjour en France, dans le but de trouver un emploi à Pointe-Noire, Andréa a finalement résolu de créer sa propre entreprise.
Les femmes ont décidément trouvé solution à leurs quotidiens soucis de beauté. Des tissages brésiliens, indiens, malaisiens comblent les étalages de la jeune dame. À l’origine, une incessante demande des voisines qui admiraient les produits qu’utilisait Andréa. « Pourquoi ne pas ouvrir une boutique pour alimenter les femmes ? En voilà une affaire », s’est-elle dit !
Avec 10 millions de francS CFA, la boutique est créée en plein Moungali à Brazzaville. Ici, produits de beauté et mèches de cheveux se bousculent. La clientèle abonde aussi. Les prix sont raisonnables et varient entre 35.000 et 200.000 francs CFA. C’est même l’une des raisons qui attire les femmes avec ses produits venant droit de l’usine. Une activité qu’elle veut étendre sur l’Afrique centrale, espérant avoir une licence d’importatation des produits.
Mais la boutique n’est pas sa seule activité. Depuis 2014, elle a mis sur pied une ferme de porcs. Andréa vise ainsi la vente de la viande de qualité et d’autres produits dérivés comme le saucisson. Une façon pour elle de participer au développement socioéconomique du Congo.
Mildred Moukenga : « Je m’investis à 100% pour la cause féminine »
Permettre à la femme de d’apprendre un métier figure parmi les objectifs de Mildred Moukenga. Mariée et mère de deux enfants, Mil est détentrice d’un BTS en Marketing et Communication. Mili Mouk, comme on l’appelle affectueusement, n’a que 30 ans avec une forte expérience acquise avec le Women’s Activity Awards dont l’une des missions est d’aider les femmes désœuvrées à s’insérer dans la vie active.
« La cause féminine me préoccupe immédiatement parce que dans mon pays les femmes sont plus pauvres que les hommes, d’après un rapport du Fonds des Nations unies pour la population plus de 50% de ménages pauvres sont des ménages monoparentaux, dirigés par des femmes ».
Mili s’investit à améliorer le statut socio-économique de la femme pour qu’elles participent au développement du Congo. Cette année, l’édition de Women’s Activity Awards portera sous le thème « savoir pour pouvoir ». Des formations certifiées dans le domaine de l’agriculture, pâtisserie et maquillage moderne permettront aux femmes de bénéficier de financement pour leur projet. La Banque commerciale internationale (BCI) financera à 60% les meilleurs projets. Le reste sera financé par Women’s Activity Awards dirigé par Mili Mouk qui caresse, en même temps, le rêve de créer un fonds de garantie pour les initiatives des femmes.