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De l’eau au Djoué plutôt qu’à la SNDE !

Les populations des quartiers sud de Brazzaville, notamment celles des quartiers de Makélékélé se déportent vers la rivière Djoué pour se désaltérer, laver le linge ou faire la vaisselle, face à d’intempestives pénuries d’eau à la Société nationale de distribution d’eau (SNDE). Alors que la société publique n’arrive plus à assurer depuis des mois la desserte dans les quartiers populaires de la capitale, les consommateurs Brazzavillois se confient aux déesses des eaux des rivières qui entourent la ville.

Le ministre de l’Energie et de l’hydraulique Serge Blaise Zoniaba avait promis le 10 décembre dernier devant les sénateurs que des grands travaux en vue de la production de l’eau suffisante et de qualité allaient commencer en avril dans la ville. Nous sommes en mai, le liquide vital ne coule toujours pas à flots dans les robinets, en plus les Brazzavillois affirment ne pas avoir vu ces travaux démarrer.

Mais le ministre précisait tout de même que la qualité de la desserte en eau devrait s’améliorer vers fin 2017 et en 2018, tous les services seront meilleurs. Il y a donc des raisons d’espérer et de prendre le mal en patience. Pour cette année 2017, le gouvernement a d’ailleurs garanti un budget de plus de 112 milliards de francs CFA pour l’eau et le courant. En plus, ce département fait partie des secteurs sociaux qui ne devraient pas subir « la rupture. »

Sur le terrain, la réalité est frappante. Dans plusieurs familles, le budget d’approvisionnement en eau potable a grevé. Au lieu des factures de 12.500 francs CFA tous les 45 jours, il faut débourser en moyenne 2.000 francs CFA tous les jours. Chaque jour, des dizaines de bidons jaunes, pour des familles nombreuses, sont transportés dans des taxis, des tricycles ou des pousse-pousse. Une quête perpétuelle d’eau potable qui exige des gros efforts financiers. Des bidons de 25 litres de contenance, servis à 200 ou 250 francs CFA l’unité, font désormais partie de la vie des Brazzavillois. Toutes les familles font des réserves.

La vente des bonbonnes à 12000 francs CFA et des bouteilles d’eau minérale à 500 ou 1500 francs a flambé ces derniers temps dans les deux principales villes du pays, à cause justement de ces incessantes pénuries d’eau. Mais aussi à cause de la mauvaise qualité de l’eau fournie par la SNDE aux populations. Récemment, les travailleurs de cette entreprise publique décriaient une lourde dette de 20 milliards de francs CFA qui pénalise l’achat des produits chimiques pour traiter l’eau. Bien que le directeur technique, Antoine Oléa s’en soit ensuite défendu. Mais les consommateurs peuvent constater la qualité de l’eau sortie de leurs robinets : un peu jaunâtre, un peu rougeâtre !

Les familles qui n’ont peuvent plus sont obligées de se rabattre à la Djiri, la Tsiémé, la Mfilou, la Mfoa, le Madoukou et surtout au Djoué, où la nature reste si généreuse. Les cas de noyade sont souvent signalés dans le Djoué, proche affluent du majestueux fleuve Congo. A défaut de mieux, des familles entières se déportent vers ce cours d’eau pour faire la lessive, la vaisselle et ou encore prendre un bain. Elles n’hésitent pas à ramener de l’eau à la maison pour la cuisine.

Selon les statistiques officielles, plus de 65% des populations habitant en ville bénéficieraient d’eau potable au Congo. Mais en réalité, il s’agit plutôt du nombre de branchements et de robinets posés dans les domiciles qui créditent cette statistique. On est bien loin du compte, car très peu de Brazzavillois accèdent facilement et régulièrement à l’eau potable.

Le gouvernement a procédé ces dernières années à d’importants investissements pour apporter de l’eau à tous les citoyens. Les résultats du projet d’extension et de la construction d’une deuxième usine d’eau de Djiri qui devrait apporter en somme environ 8.000 m3/h sont toujours attendus au sein de la population. Les travaux sont certes terminés, mais l’eau ne coule pas dans les robinets. L’usine ne fonctionne d’ailleurs qu’à 40%, selon les travailleurs de la SNDE.

Une vraie sécheresse vécue par les populations du quartier Batignolles et celles de Moukondo à Moungali. Même sous l’ombre du château d’eau à Makélékélé, l’eau est plus rare que les larmes de chien. Le constat est similaire au quartier Ngamakosso où un autre château d’eau est construit. Des éléphants blancs qui ne serviraient finalement qu’à embellir la ville !

Dans les villages où on estime encore à moins de 40% le taux d’accès à l’eau potable, les pouvoirs publics ont investir des dizaines de milliards de francs CFA pour la réalisation du projet Eau pour tous. Lancé en 2013 à Madingou dans la Bouenza, ce projet devrait donner lieu à quelque 4.000 forages d’eau dans les grands villages pour près de 193 milliards de francs CFA. Nombreux de ces dispositifs ne fonctionnent plus dans plusieurs localités où les populations ont repris avec de vieilles méthodes d’approvisionnement en eau.