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Franklin Boukaka patrimoine culturel du Congo

Le président de l’association «Les amis de Franklin», Joseph Akondzo a indiqué le 6 juillet à Brazzaville lors de l’hommage à Franklin Boukaka que l’artiste ne meurt jamais. Par ses chansons, l’artiste a chanté sa passion, sa vocation et sa raison de vivre.

 

Joseph Akondzo a affirmé que les chansons de Franklin Boukaka sont d’une actualité déconcertante qui font de lui un emblème, un patrimoine congolais tant sur le plan socio-culturel, littéraire que politique.

Il a évoqué des titres comme «Le bûcheron» dans lequel l’artiste engagé dans un Congo postcolonial soulève déjà la question d’une Afrique qui se déchire après l’indépendance. Le musicien critique aussi l’avidité des politiques vis-à-vis des populations au profit de leurs propres intérêts.

Dans «Dia bikola», cette bouche qui ne se contente que de manger des légumes, Franklin Boukaka expose les doléances d’une nation en proie à la discrimination financière où les uns vivent dans l’opulence au détriment des autres. «C’est avec «Bomoto» qu’il vient toucher aux  droits de la femme, complète Joseph Akondjo.

De son côté Josué Ndamba, assurant la modération, a indiqué que les textes de Franklin ont valu une forte inspiration à la plume de beaucoup de poètes. Il a cité ainsi Jean Baptiste Taty Loutard dans «Poème de la mer »,  Henri Lopes, Maxime Ndébéka. «Son titre ‘’Pont sur le Congo’’ est le témoin de l’art de sa composition», a dit Josué Ndamba.

« La connotation est flagrante en effet, lorsque l’artiste dit Bandeko ya ngambo pour désigner les habitants de la ville d’en face en passant par un fleuve Congo qui demeure pourtant subjectif contrairement à son titre, a-t-il poursuivi.

Joseph Akondzo qui a évoqué la postérité grandissante de l’œuvre de Franklin Boukaka a cité Aïcha koné en 1992 puis Manu Dibango. Il a aussi souligné que Carlito Lassa a fait référence à Franklin Boukaka lorsqu’il a dit « ozui lelo raison na le bûcheron» dans la première chanson de son album « Africa na moto ». Dans les Caraïbes, a-t-il poursuivi, l’orchestre national de Cuba « Aragon » qui a chanté « Carolina Mouanga » n’est qu’une reprise du titre « Antoinette Mouanga » de Boukaka. Pour lui, de nos jours, le rayonnement de sa musique vend encore l’image du Congo à travers les frontières.

«De sa voix gorgée d’émotions, c’est  son œuvre monumentale «Le bûcheron» qui le hissera au rang international une fois interprétée par des musiciens d’Outre-mer », a-t-il dit.

Pour les orateurs, Franklin Boukaka est considéré comme un révolutionnaire. «L’homme » qui séjourne tantôt en Afrique tantôt en Europe aime à chanter les martyrs « Les immortels », ce qui relève son côté sacerdotal, ont affirmé certains d’entre eux.

Pour d’autres, Franklin est adepte du marxisme Léninisme. Ils ont même remarqué dans ses chansons un parti pris ostentatoire. Parmi les chansons, ils ont évoqué Ben Barka. Une chanson consacrée à l’opposant du roi Mohamed au Maroc. «Dans «Nakoki» le révolutionnaire évoque le leader Emery Patrice Lumumba».

Parmi les témoignages, il y eu celui du metteur en scène du Théâtre Négropolicongo des trois francs,  Alphonse Mafoua, qui a déploré le manque d’un buste en la mémoire de cet éminent artiste. Il a ainsi rappelé que lors du Festival panafricain des Arts (PANAF) en 2010, «Le bûcheron» a été réclamé par les autorités algériennes.

Franklin Boukaka, fondateur du groupe «Négro band » a fréquenté Vox Africa puis a intégré Cercul jazz en 1959 avant de continuer sa carrière en solo. Il a chanté de la Rumba et du jazz.

Franklin a eu entre autres titres : Libala ya makasi, Ata ozali, Luzolo, Basi na ko mona. Il a lorgné Gérard Madiata son modèle, musicien de l’autre rive, de qui il a interprété «Mono ngédi».