La famille décide d’un enterrement provisoire pour Lissouba en France
La famille biologique du professeur Pascal Lissouba a opté pour un enterrement provisoire de l’ancien président du Congo en France. Dans un communiqué délivré par le fils du défunt Jeremy Lissouba, le corps de l’ancien président sera mis en terre le 31 août à Perpignan en France.
La famille Lissouba annonce une série de cérémonies de recueillement, notamment une messe à la cathédrale Saint-Jean Baptiste de Perpignan en début d’après-midi de lundi. C’est dans l’intimité familiale que celui qui a présidé aux destinées du Congo entre 1992 et 1997 sera inhumé. La famille a précisé qu’il s’agissait d’un enterrement « provisoire ».
Les restes du professeur Pascal Lissouba pourraient donc être ramenés sur la terre de ses ancêtres dès que la famille l’aurait décidé à nouveau. Il aurait alors droit à des obsèques définitives.
Avant Pascal Lissouba, le premier président congolais, l’abbé Fulbert Youlou, mort en mai 1972 à Madrid en Espagne, son corps a été rapatrié sept mois après, et enterré dans son village natal, à Madibou. Actuellement, la famille Yhombi Opango s’active pour que les restes mortels du quatrième président du Congo, décédé en fin mars en France, soient également rapatriés au pays.
Fin de polémique sur le lieu de l’enterrement
Le communiqué de la famille Lissouba a mis fin au débat sur le lieu de l’enterrement de l’ancien président congolais. Une partie de membres de la famille biologique s’apprêtait à organiser des funérailles selon le rite Nzebi à Tsinguidi, dans le district de Mayoko, d’où est originaire Pascal Lissouba. Depuis l’annonce de cette triste nouvelle, en effet, des manifestations funestes, notamment des danses traditionnelles ont sans cesse lieu dans cette petite ville du département du Niari.
Sur le plan national, le gouvernement, par la voix de son porte-parole, Thierry Moungalla, a déclaré être « attentif à la volonté de la famille biologique », si jamais elle associait l’Etat dans l’organisation des obsèques de Lissouba.
« Chez nous les bantous, il y a un principe de base, quelles que soient les fonctions et les dignités occupées par le défunt, c’est à la famille biologique d’indiquer quelles sont ses volontés, notamment les obsèques. L’Etat reste attentif à la position de la famille », a indiqué M. Moungalla dans une interview exclusive à Vox.
Avec le nouveau programme annoncé par la famille Lissouba, les autorités n’ont pas encore indiqué si elles se feraient représenter à Perpignan, soit par une délégation en partance de Brazzaville, soit par l’ambassadeur du Congo en France, Rodolphe Adada.
D’ores et déjà, sur place à Paris, un livre de condoléances a été ouvert dans la matinée de jeudi au sein de l’ambassade du Congo. Différents chefs d’Etat dont celui du Cameroun, Paul Biya, adressent leurs lettres de regrets au président Denis Sassou N’Guesso et au peuple congolais.
Les partisans de Lissouba et les membres de son parti, l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS) espéraient également lui rendre un dernier hommage tant à Brazzaville qu’à Dolisie ou à Tsinguidi. « C’est dommage que cela soit ainsi. Il y a forcément des choses que nous ignorons dans tout cela. Nous ne souhaitons pas que la famille s’entredéchire à cause du lieu de l’enterrement », a déploré Martial Ntsika Nkombo, un cadre de l’UPADS.
Bien avant, un proche parent de Pascal Lissouba avait révélé l’existence d’un testament indiquant le refus catégorique de l’ancien président d’être enterré au Congo. Dans sa révélation, le parent cite comme témoins les époux Yhombi Opango, mais dont le fils Jean-Jacques Serge Yhombi Opango a nié l’implication.
Dans ce même élan de voir Pascal Lissouba être enterré en France, un caveau a d’abord été préparé dans un cimetière à Paris. Finalement, la famille, notamment les enfants Lissouba et son épouse Jocelyne se sont accordés pour que l’enterrement ait lieu dans un premier temps à Perpignan.
Débarqué du pouvoir le 15 octobre 1997 au terme de cinq mois de guerre civile ayant fait des milliers de morts, Pascal Lissouba qui aurait eu 89 ans le 15 novembre prochain est le premier président congolais élu démocratiquement au suffrage universel direct avec 61,32 % face à Bernard Kolelas. Après un temps passé à Londres, le professeur Lissouba est resté en exil en France jusqu’à sa mort.
Président de l’UPADS qu’il fonde en 1991 à l’issue de la Conférence nationale, Pascal Lissouba a aussi été en 1965 le plus jeune Premier ministre congolais avec seulement 32 ans, nommé par le président Alphonse Massamba-Débat.
Mais Pascal Lissouba reste avant tout un homme des sciences, l’un des premiers agrégés en Agriculture de son pays. C’est sa thèse en génétique défendue et obtenue à la Sorbonne en France qui va le révéler. L’un de ses étudiants à la faculté des sciences de l’université de Brazzaville, Bonaventure Mbaya, qui sera ensuite son plus jeune ministre en 1992 garde de lui de bons souvenirs. « J’ai été l’homme le plus heureux. D’abord, il m’a enseigné en première année, et je l’ai servi comme ministre. Il m’a encadré et fait de moi un homme », a-t-il témoigné, nostalgique.