Close

La mort d’un médecin à Brazzaville ne perturbe pas le bilan du Covid-19

Le médecin en chef de la circonscription sanitaire de Moungali, Dr Daniel Miandzo qui serait pourtant mort le 14 avril de covid-19 n’a pas été comptabilisé dans les chiffres officiels du gouvernement. Une controverse qui laisse réfléchir sur la prise en charge réelle des malades du covid-19 et le traitement des données issues de cette pandémie au Congo.

Sur les réseaux sociaux, faute d’une déclaration officielle, les lanceurs d’alerte les plus crédibles l’ont qualifié de « brave », mort sur le « champ d’honneur ». Pour d’autres leaders d’opinion, Dr Miandzo serait le premier médecin congolais à mourir des suites de covid-19.

Et pourtant, dans le bilan fait le 15 avril, le ministère de la Santé, cette fois-ci appuyé par le bureau de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), n’a pas tenu compte de ce cas, notamment sur le nombre de décédés, resté inchangé depuis le point du 13 avril qui fixait le nombre de décès dus au coronavirus à 5. Ainsi la mort de ce médecin n’a donc pas perturbé les chiffres officiels tenus par les autorités.

Plusieurs témoignages recueillis par Vox auprès des médecins qui ont connu Dr Daniel Miandzo s’accordent à dire que le chef de la circonscription sanitaire de Moungali est bel et bien mort de coronavirus. D’autres témoins, proches de la famille, avancent le nom du professeur Alexis Elira Dokekias, actuel président de la commission de prise en charge des malades de covid-19 au Congo, comme source de cette information.

Une grande controverse cependant a surgi juste après le décès du médecin au centre de prise en charge des cas de coronavirus Albert Leyono, à Ouenzé, où l’infortuné s’était rendu avec sa famille en état de détresse respiratoire. Pour les parents, l’ex-chef de la circonscription sanitaire de Moungali serait mort d’une forte poussée asthmatique. Mais personne n’a pu manipuler le corps du défunt après le verdict verbal livré par les soignants. Il n’a pu donc être inhumé le jour même, comme le stipule la loi, à cause de la dispute.

Le lendemain, sous cette même tension, un chauffeur de corbillard s’amène seul avec son véhicule, mais sans les agents de la Croix-Rouge, habilités à manipuler et à transporter ces corps contaminés. C’est sous ce climat que le corps a pu arriver au cimetière Bouka. Débarquer le macchabée pour le placer dans le caveau a été un vrai problème, car personne ne voulait y toucher, même les membres de la famille, convaincus finalement que c’était le coronavirus.

Finalement, les résultats officiels ne notifieront pas cette mort comme décès par covid-19. Et depuis le 13 avril, le nombre de décédés est arrêté à 5. Même les médias qui, sur la base de leur propre comptage, comme le fait l’Agence France presse ou la Voix de l’Amérique, ont tenté d’actualiser leurs chiffres, se sont vite ravisés pour éviter d’être en porte-à-faux avec les autorités.

Dans leur fort intérieur, les médecins continuent de ruminer leur étonnement, vu que Dr Daniel Miandzo a été l’un des premiers à se mettre en première ligne, sans équipement adéquats pour sauver des vies. Déclaré officiellement mort d’asthme, il aurait pu bénéficier d’un traitement de dignité par sa famille et ses collègues. Mais le cafouillis dont a fait l’objet le diagnostic de sa mort, laisse tout de même perplexe.

Un autre médecin, le docteur Ngala, médecin chef des grandes endémies de Pointe-Noire, est mort très tôt ce 16 avril des suites de coronavirus. Son nom devrait cette fois-ci être inscrit parmi les héros.

Dans plusieurs centres de santé, le personnel soignant continue de réclamer un équipement confortable pour aller au devant des malades du covid-19, un virus très virulent et très contagieux. Nombre de soignants ne veulent plus toucher aux malades soufrant de la simple grippe, du paludisme avec de la fièvre. Tous sont devenus prémonitoires, diagnostiquant le covid-19 sur des patients qu’ils n’osent pas examiner.