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L’aide publique aux médias toujours en attente

Les professionnels des médias et leurs syndicats, ainsi que les membres de l’autorité de régulation du secteur ont évoqué mercredi à Brazzaville l’épineuse question de l’aide publique aux médias au Congo, tout en dénonçant les entraves à la liberté de la presse.

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Les professionnels des médias en réflexion sur le financement de la presse

Au cours d’un échange avec les journalistes, à l’occasion de la célébration de la 23 e journée de la liberté de la presse, Pierre Mberri, enseignant au département des Sciences et techniques de la communication (STC) de l’Université Marien Ngouabi, a reconnu le manque des moyens financiers dans l’`exercice du travail des journalistes congolais. L’absence des moyens financiers et matériels freinent le développement d’une vraie presse indépendante au Congo, ont reconnu les participants à cet échangé placé sous la direction de Philippe Mvouo, président du Conseil supérieur de la liberté de communication (CSLC). L’absence d’une vraie entreprise de presse est aussi due à ce fait. La plupart des journalistes qui évoluent dans les médias privés ne sont pas payés, et sont obligés de faire payer leurs prestations à des sources d’information. Par manque de moyens financiers, certains organes de presse ne disposent pas de siège, d’une administration et d’une comptabilité viables. Ce qui fragilise le travail des journalistes dans le pays.

La presse congolaise a bénéficié en 2001 d’une aide personnelle du président Denis Sassou N’Guesso de l’ordre de 300 millions de francs CFA. Depuis, aucun organe n’a reçu un franc symbolique de l’Etat pour le développement de son activité. Les patrons et les professionnels des médias ont toujours pour une subvention budgétisée et adoptée par le parlement. Cette officielle

existe dans plusieurs pays d’Afrique francophone comme le Gabon, le Cameroun, la Côte d’Ivoire ou la Mauritanie. « Les organes privés vivent de la gesticulation », a martelé Mfumu Fylla, un autre orateur, lui aussi enseignant au département de STC. Selon lui, « les organes de presse privée vivotent ». Et « en vivotant, ils ne peuvent pas donner un produit de qualité ». L’aide financière tarde à être budgétisée et pourtant, chaque année, le CSLC propose au gouvernement une ligne budgétaire pour le financement des médias, a-t- on appris.

En attendant que l’aide financière à la presse ne se mette en place, le président de l’Association des consommateurs du Congo, Dieudonné Moussala a souligné la nécessité, pour le Conseil, de reprendre en main le dossier de la redevance audiovisuelle pour financer les médias audiovisuels. Dans son mot liminaire, Philippe Mvouo a peint les maux qui minent la profession de journaliste au Congo, tout en dénonçant les entraves à la liberté de la presse et le comportement pervers de certains journalistes. S’agissant de la carte professionnelle toujours inexistante au Congo, M. Mvouo a rendu responsables les patrons des médias qui ne transmettent pas les dossiers de leur personnel à son institution. Pour Pierre Mberri, la liberté de la presse au Congo est une réalité. Il a rappelé l’arsenal juridique qui garantit cette liberté. La loi du 02 juillet 1996 remplacée par celle n° 8-2001 du 12 novembre 2001 » sur la liberté de l’information et de la communication. L’orateur pense que cette liberté s’exprime par la floraison des médias privés, syndicats et associations professionnelles. Pierre Mberri a reconnu que la liberté de la presse est influencée par plusieurs pesanteurs dont le manque de matériels et financiers.