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Le Congo à pas de caméléon dans la riposte au coronavirus

Alors que la propagation de la pandémie du coronavirus (Covid. 19) prend inopinément de l’ampleur dans le monde, et au moment où dix pays africains signalent les vas de Corvid. 19, les informations les plus folles et les plus controversées sur la présence ou non de ce virus font monter de l’adrénaline à Brazzaville et à Pointe-Noire. Il semble que les deux principales villes ne sont pas encore prêtes à faire face à la pandémie. Le Congo n’a, par exemple, pas encore finalisé son plan de contingence contre le coronavirus.

Les cas de coronavirus déclarés au Cameroun et en République démocratique du Congo (RDC) exposent le Congo à la maladie. Si tous ces cas déclarés viennent de l’Europe, le Congo n’en est pas à l’abri, car les vols d’Air France continuent leur liaison régulière entre le pays et la France (pays touché avec plus de 3.661 contaminations et 79 décès) et le reste de l’Europe, aujourd’hui en pleine crise du Covid19. Et pourtant, sept pays dont l’Ile Maurice appliquent systématiquement la quarantaine à tous ceux qui viennent de France, tandis que 9 pays dont les Etats-Unis et Israël ont carrément fermé leurs frontières à la France.

C’est maintenant que le Congo prépare le CHU-B pour abriter son centre de prise en charge, si jamais un cas venait à être confirmé. Une idée qui n’a pas fait l’unanimité des experts, lors de la réunion de la coordination de la gestion de la pandémie. Mais la décision a été prise. Deux services, Rhumatologie et Dermatologie, vont être vidés. Les patients seront transférés au service de Carcinologie. Avant que le premier cas n’y arrive, il faut s’assurer que l’eau y coule, l’électricité est permanente et…le personnel formé est identifié et disponible. La direction du CHU-B a néanmoins pris les mesures pour rendre opérationnel le nouveau centre dans les meilleurs délais.

Il reste le plan de contingence. Il faut qu’il soit adopté par le conseil des ministres. Le prochain aurait lieu le 17 mars. Sans ce document, les partenaires internationaux ne pourront pas aider le pays. Certes, le comité de coordination dispose d’une enveloppe allouée par le gouvernement, et pourrait, avec quelque 6,5 millions de francs CFA annoncés, préparer ce centre. Le Fonds mondial promet une somme dix fois plus grande.

Les activités de communication et de sensibilisation sont encore trop faibles. Si dans les deux principales villes les populations sont dans le doute, dans les zones rurales, la méconnaissance du virus, mais surtout les modes de protection ne sont pas du tout connus. Pas étonnant qu’une lycéenne de Madingou dans la Bouenza, évoque dans un reportage de Vox TV, « le préservatif » comme moyen de protection contre le Covid 19.

Au centre de mise en quarantaine de Kintele, dans le nord de Brazzaville, les nouvelles sont confuses, et pas de témoignages des sujets qui auraient séjourné dans cet hôtel 5 étoiles d’une centaine de chambres. Ici, les traiteurs s’activent chaque jour pour apporter la nourriture aux internes qui observent les 14 jours de privation avant d’être relâchés. Le centre de Kintele est sécurisé et aucune entrée non autorisée n’est acceptée. C’est pour éviter les évasions, selon les autorités.

Pour mettre les structures de santé en état de tester les cas suspects, et permettre une bonne prise en charge, le gouvernement a remis une bonne enveloppe au ministère de la Santé. Mais le montant n’a pas jamais été révélé. Les sources proches du dossier au ministère des Finances, avancent un chiffre flirtant le milliard de francs CFA.

Ce qui a certainement permis au Premier ministre, Clément Mouamba d’annoncer devant les députés, l’envoi d’une somme de 200 millions de francs CFA à quelque 105 étudiants congolais retenus à Wuhan en Chine, l’épicentre de la pandémie. Mais, d’après plusieurs témoignages (écrits et vidéos) de ces étudiants, aucun sou n’a jusqu’alors été reçu par les étudiants.

A Brazzaville, plusieurs usagers doutent de l’efficacité du laboratoire national. Mais pourtant les responsables de cette structure confirment la disponibilité des réactifs et autres matériels nécessaires pour mener des tests. A Pointe-Noire, à la demande d’une clinique privée, un patient n’a pu subir normalement le test au coronavirus, car la direction départementale de la santé demandait 50.000 francs CFA pour les emballages de prélèvements et les frais d’envoi d’échantillon, sans compter les frais de transport du médecin qui ira faire l’opération.

Hébergeant une forte population étrangère qui travaille dans l’industrie pétrolière, Pointe-Noire reste exposée. Le centre de mise en quarantaine n’est pas connu des Pontenegrins, alors que la matériel de prise de température a été gracieusement fourni à l’aéroport Aghostino Neto et au port maritime, par les Chinois. Un sujet italien, un certain Nicolo Coroli se serait fendu dans la masse, alors qu’il est rentré du nord de l’Italie depuis le 29 février.

A l’heure actuelle, beaucoup de pays, comme le Bénin où aucun cas n’a encore été déclaré, sont déjà prêts.