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Le gouvernement temporise le déconfinement

Le gouvernement a décidé de temporiser la mise en œuvre de son plan de déconfinement progressif suite à l’augmentation des cas de Covid-19. Il a annoncé des « mesures correctives » pour reprendre en mains la riposte contre la pandémie de coronavirus, qui connaît un relâchement tant de la part des pouvoirs publics que de la population.

Le gouvernement a entériné sans hésitation les recommandations de la Coordination nationale de gestion de la pandémie de coronavirus au Congo. Alors que le pays était en pleine deuxième phase de déconfinement par paliers, le gouvernement a préféré temporiser. Les données liées à l’épidémie ne sont pas rassurantes.

En mi-juin, à l’annonce de la deuxième phase du déconfinement progressif, le Congo comptait quelque 880 cas. Ce chiffre a quasiment été quadruplé, passant à plus de 3.100 cas dont une cinquantaine de décès, au moment de l’annonce. Et la maladie n’est toujours pas maîtrisée. Malgré sa boulimie de vouloir reprendre la vie normale, le gouvernement est face à la réalité.

À la propagation rapide de la pandémie, s’ajoutent plusieurs autres problèmes comme la faiblesse du système de test et de prise en charge des cas. Les centres de prise en charge ne sont toujours pas au mieux de leur forme. Le personnel soignant, en première ligne, continue de déplorer l’absence des équipements et le manque de motivation financière. En gros, la riposte reste très faible, alors que les cas continuent de progresser à Brazzaville et à Pointe-Noire, les deux principaux foyers de maladie.

Au 25 juillet, le Congo comptait 3.159 cas dont 54 décès. Le nombre de cas guéris est de 829, soit presque trois fois moins que les cas actifs estimés à 2.227 malades. Le taux de létalité est toujours porté vers les 2 %. Les perspectives ne sont donc pas bonnes.

Dans sa volonté de réajuster la riposte, le chef de l’État congolais a confié au ministère des Finances toutes les dépenses liées à la pandémie, alors que la Défense nationale devrait désormais en assurer la logistique. Ce 26 juillet, le directeur de cabinet du président de la République, le général Florent Tsiba a été désigné pour réceptionner à l’aéroport international les commandes de l’État passées à l’étranger.

Ce qui paraît comme le dépouillement du ministère de la Santé de ces attributs importants, n’occulte pourtant en rien à Jacqueline Lydia Mikolo son rôle dans la gestion de cette crise. D’ailleurs, les grosses commandes ont déjà été passées en Chine, à la nouvelle disposition de venir juste gérer.

Le gouvernement n’a pas souhaité tuer l’économie qui bat déjà de l’aile avec -40 % de chute sur la croissance, en tentant de reconfiner la population. Il a préféré une mesure lasse, ramener le couvre-feu à partir de 20 heures, et non plus à 22 heures. Cette mesure n’a certainement pas d’impact sur la propagation du virus, mais elle permettra aux Brazzavillois et aux Ponténegrins de circuler moins. Donc de freiner le virus.

Les marchés vont également être fermés pendant trois jours la semaine. Ce qui peut avoir un impact direct sur la petite économie et le secteur informel qui constitue une part importante dans le PIB, impacté déjà à -9 %, selon le comité monétaire.

Plusieurs fins limiers de l’économie congolaise affirment que le gouvernement doit désormais vivre avec ce virus. Fermer les marchés ou édicter le couvre-feu ne sont pas des solutions, mais il faut désinfecter régulièrement les marchés. Les autorités peinent depuis à assainir les marchés domaniaux, notamment ceux de Ouenze et de Poto-Poto. Selon des informations concordantes, près de 220 jeunes engagés dans cette opération de désinfection ne sont pas payés.

Le gouvernement a enfin accepté d’accorder une allocation de quelque 40 milliards de francs CFA aux entreprises qui sont entrain de tomber en faillite, pour les aider à payer des salaires aux agents licenciés. Les opérateurs économiques sont également listés pour recevoir une bouffée d’oxygène estimée à 100 milliards de francs CFA au compte de la dette intérieure. Quelque 200 familles vulnérables ont commencé à percevoir une allocation au titre de Lisungi, grâce à 10 milliards affectés par le gouvernement.

L’avenir s’annonce peu certain. Toutes ces mesures pour inciter la consommation à repartir exigent par ailleurs au gouvernement la capacité de mobiliser les recettes. Depuis le mois de juin, les autorités ont affiché leur volonté d’aller chercher de l’argent dans les impôts.