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Le PCT se cherche un successeur à Pierre Ngolo

Le secrétaire général du Parti congolais du travail (PCT, au pouvoir), Pierre Ngolo ne devrait normalement plus se représenter à ce poste pendant le 5e congrès ordinaire qui s’ouvre le 27 décembre à Brazzaville. Plusieurs noms sont même sélectionnés dans les différents courants pour succéder à celui qui a conduit le PCT depuis août 2011.

Pierre Ngolo, 65 ans, ne reviendrait plus à la tête du PCT, affirme avec fébrilité et nostalgie son entourage. L’actuel secrétaire général du PCT devrait se contenter d’être membre du bureau politique du parti présidentiel. Il devra passer le témoin à un autre membre influent du parti d’ici fin décembre, après avoir conduit la politique du parti ces huit dernières années.

C’est à la fois une simple décision de démocratie au sein du parti, mais surtout un compromis à son poste de président du Sénat qu’il occupe depuis deux ans. Pierre Ngolo devra d’ailleurs s’en contenter pour les trois prochaines années. La question de cumul, savamment abordée au sein du parti, avait mis à mal le secrétaire général qui devrait se mettre cette fois en conformité avec cette nouvelle version dictée par les textes du PCT : ne pas assurer à la fois deux hautes fonctions, et se galvaniser par conséquent de tous les avantages pécuniaires qui vont avec.

Selon certains politologues, le choix in extremis de Pierre Ngolo au congrès de 2011 aurait été un palliatif, à défaut d’avoir trouvé un véritable cacique du PCT à ce poste. Sa mission serait donc de remettre le parti, à l’époque ruiné par la tiraille entre conservateurs et refondateurs, en ordre de bataille pour un nouveau congrès. Huit ans après, les assises du PCT sont à nouveau convoquées et Pierre Ngolo devrait sans surprise remettre le tablier.

L’actuel secrétaire général du PCT, ancien enseignant de Philosophie au lycée, a suivi un parcours régulier au sein du parti fondé par le président Marien Ngouabi. Il a été dirigeant numéro un de la jeunesse du PCT. Il a gravi un à un les échelons, depuis l’UJSC jusqu’au bureau politique, un siège qui lui a permis d’accéder au secrétariat permanent.

Le parti, confronté à la naissance de rigoureux courants, notamment celui incarné par les jeunes, devrait à présent conduire avec courage les réformes politiques voire idéologiques qui s’imposent.

Un premier ballon de sondage lancé dans le public depuis quelques années porte le nom de Denis Christel Sassou Nguesso, apparemment affranchi de la protection paternelle du chef de l’Etat dont il est le fils. L’homme de 44 ans suit désormais son propre destin politique. Élu député d’Oyo dans la Cuvette en 2017, ce diplômé en droit privé d’une université française est par ailleurs président de la Fondation perspectives d’avenir, une organisation non gouvernementale qui mène des actions sociales auprès des communautés démunies.

Autour de lui se greffent plusieurs forces politiques et administratives représentées par des députés, des élus locaux, des maires de ville et même les ministres. Son poids politique au sein du PCT a beaucoup évolué, si bien que le parti l’a hissé au rang de membre du bureau politique en 2011. Il a même pris la tête d’une des commissions d’organisation du 5e congrès à venir. On ne peut plus l’ignorer au PCT !

Cependant, une autre opinion estime que ce n’est pas le moment de passer le bâton à Denis Christel Sassou Nguesso qui pourrait introduire une nouvelle idéologie progressiste au PCT. Il pourrait ensuite mettre à l’écart tous les révolutionnaires des années fin 1960 et 1970 ou assimilés, donc les fidèles amis de son père. Denis Christel Sassou Nguesso devrait à ce niveau rassurer la vieille garde du parti, s’il tenait à jouer sa carte jusqu’au bout. Malgré ces atouts, nombreux estiment que son heure n’est pas encore arrivée.

Pierre Moussa, 78 ans, un ancien fonctionnaire de la Banque mondiale et plusieurs fois ministre de Sassou Nguesso depuis les années 1980 (Premier ministre entre 1990 et 1991), est un autre nom qui court les couloirs de La Congolaise, le siège du PCT à Brazzaville. Pierre Moussa a été en retrait, pendant un moment, à cause de ses fonctions de président de la commission de la Communauté économique et monétaire d’Afrique Centrale (CEMAC). Sa disponibilité aujourd’hui à diriger le parti ne fait plus l’ombre d’un doute. Pierre Moussa a présidé en décembre dernier le congrès fédéral du PCT dans la Bouenza. Il pourrait représenter un rempart pour plusieurs caciques de sa génération comme Rodolphe Adada, Alphonse Gondzia, Isidore Mvouba, Michel Ngakala, Florent Tsiba ou Henri Djombo, eux aussi pressentis à une certaine époque à la tête du PCT.

Entre ces deux générations précédentes, le choix du PCT pourrait se porter, comme Pierre Ngolo en 2011, sur un modéré fidèle fils politique de Denis Sassou Nguesso. C’est le cas de Firmin Ayessa, un ancien directeur de cabinet, Gilbert Ondongo qui s’est constitué ces dernières années une influence politique dans le cercle fermé du chef de l’Etat grâce à ses responsabilités économiques et financières assumées dans le gouvernement.

Sur la check-list, l’élite universitaire ne se démarque pas. Contrairement à Charles Zacharie Bowao qui avait pris fait et cause dans le débat de la refondation du PCT, les Serge Ikiemi, Anatole Collinet Makosso, Rigobert Maboundou et autres Benjamin Boumakany devraient encore attendre un peu pour être cités dans la bataille des noms. De même que la nouvelle classe montante nourrie au lait du PCT constituée de Axcel Ndinga Makanda, Joseph Manoukou Kouba, Arlette Soudan Nonault ou Fernand Sabaye restera dans les starting-blocks.

Toutefois, comme en 2011, le président Sassou Nguesso garde le joker au poste du secrétaire général de son parti.