Le PCT traverse une mauvaise passe à Talangaï
Une réunion extraordinaire du comité du Parti congolais du travail (PCT, au pouvoir) de l’arrondissement six Talangaï s’est terminée le 22 septembre en queue de poisson, suite à une vive contradiction développée par les participants. Le président de ce comité, Théophile Adoua et Gabriel Ondongo, le président PCT Brazzaville, ne se sont pas accordés sur la conduite de la réunion qui avait pourtant bien démarré.
La réunion, organisée à huis clos, a duré près de 8 heures. Sur les dix points inscrits à l’ordre du jour, sept ont pu être abordés, dans la sérénité. Les autres points constituant le vif du sujet n’ont pas été examinés à la suite de la chamaille qui s’est déclenchée dans la salle. Le huitième point était consacré à « la situation politique actuelle », et une trentaine de militants se sont inscrits pour faire la critique. Dans l’ensemble, ils ont dénoncé la mauvaise gouvernance au sein du PCT.
Parmi les intervenants, neufs ont été très incisifs face aux dirigeants du PCT, ce que le président d’honneur de la réunion, Gabiel Ondongo n’a pas apprécié. Il a suggéré que les propos poignants et crus de ces neufs membres ne soient pas retranscrits dans le rapport final de la réunion. Une suggestion quasiment rejetée par Théophile Adoua. Et c’est le début de la polémique.
Talangaï est le fief du PCT, à croire les scores fleuve que le parti y réalise sur toutes les élections. La scène qui s’est déroulée au gymnase Nicole Oba, lieu choisi par le PCT Talangaï pour tenir sa réunion, n’est pas anodine. Elle montre l’ampleur de la crise qui couve depuis plusieurs mois au sein du principal parti au pouvoir. On en parle très peu, mais le PCT traverse une mauvaise passe. D’abord, son congrès, le lieu indiqué pour se laver les mains et le linge sale, reporté à plusieurs échéances et lié aux cotisations des membres, ne se tient toujours pas. Le secrétaire général du parti, Pierre Ngolo a décidé de clore ces cotisations, bien que certains cadres n’aient pu faire leurs versements.
Ensuite, la divulgation des conversations téléphoniques voire des entretiens vidéo, sur internet, a fragilisé davantage le PCT, transformant les simples humeurs de courants d’idées en une vraie guerre de tranché. Les leaders de courants d’idées se comportent presque comme les chefs de franges. Les ministres, les députés, les maires et autres élus ou responsables administratifs à étiquette PCT ne se considèrent pas seulement PCT, mais renforcent leur légitimité en appartenant à un camp.
Au cœur de ces disputes, la question de cumul qui touche en premier le secrétaire général du parti. Pierre Ngolo est, en effet, en plus de ses fonctions au PCT, président du Sénat, donc deuxième personnalité de l’Etat. C’est-à-dire, en cas de vacance de pouvoir, il succédera au présidera de la République, en attendant les élections dans les 90 jours. C’est un poste important. Dans les conversations divulguées sur les réseaux sociaux, il est également rapporté les grosses indemnités dont seraient bardés ces cadres du parti en situation de cumul. Sur ce point, Pierre Ngolo n’est pas seul, car son protégé Juste Bernadin Gavet, est à la fois secrétaire général de la Force montante congolaise (FMC) et président du Conseil consultatif de la jeunesse dont le budget est fixé cette année à 100 millions de francs CFA. Nombre de militants plaident pour la redistribution des postes, le partage du gâteau.
Il est difficile que le PCT tienne son congrès dans ces conditions qui rappellent les vives tensions de 2010, lorsque Justin Itihi Lekoundzou Ossetoumba avait décidé seul d’aller vers son propre congrès, à l’encontre du congrès de la refondation, en vogue à l’époque. L’armée avait dû menacer d’intervenir pour voir ces assises ne pas se tenir au palais des congrès. Ces moments sont certes loin de la pratique politique actuelle, mais ils peuvent se réveiller dans les souvenirs des militants. Le PCT est une fois de plus face à son histoire constituée souvent des contentieux non vidés.
Il faut enfin noter le courant montant de la jeunesse qui réclame plus de la voix au sein du parti. Le passage du témoin devient en effet l’un des débats que le PCT doit ouvrir s’il veut survivre et garder son ampleur.