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Le regard de Brazzaville sur la situation de Kinshasa

Les Brazzavillois ne sont pas restés indifférents à la situation de violences qui a récemment prévalu à Kinshasa en RDC. Les acteurs politiques ont lancé des appels à l’apaisement, tandis que la société civile a dénoncé la répression de manifestations pacifiques. Les ressortissants de RDC eux ont exprimé une vive désolation.

Le ministre Alain Akouala, membre du parti au pouvoir  a appelé à l’apaisement et à la « pondération ». Dans un message sur son compte Twitter, le ministre Akouala a décrit «  des scènes de violence et de pillage à Kinshasa », reprenant systématiquement toutes nouvelles diffusées par les médias sur cette situation.                                                                                                                                                                                                                                                            

A l’opposition, le président par intérim de l’IDC, René Serge Blanchard Oba s’est dit « choqué » par les violences contre les membres de l’opposition, appelant les acteurs politiques à trouver la voix du dialogue pour régler leurs différends. Blanchard Oba a fait observer, au cours d’un point de presse, une minute de silence en mémoire des victimes de la marche de l’opposition à Kinshasa.

C’est au travers du fleuve Congo, la frontière naturelle qui sépare Brazzaville et Kinshasa, les deux capitales les plus rapprochées au monde, que les Brazzavillois ont suivi les 48H de grandes violences à Kinshasa. La capitale congolaise, sur la rive droite, accueille, pour diverses raisons, une forte communauté de RDC. Il s’agit de la plus grande diaspora de ce pays, avant la Belgique.

Ces ressortissants sont encore sous le choc de ce qui s’est passé chez eux. Jean-Pierre Tshimanga Mameta, le représentant d’Etienne Tshisekedi à Brazzaville, exprime une grande désolation suite aux événements qui se sont déroulés à Kinshasa. Pour lui, ces actes repoussent leur espoir de retourner un jour dans leur pays. « Nous sommes tous déçus, parce qu’on se disait que cette fois-ci nous rentrerions chez nous, prendre part aux élections, et voir enfin un nouveau Congo se lever », dit-il avec amertume.

S’adressant au président Joseph Kabila, il s’interroge : « Est-ce que c’est cela l’alternance civilisée que vous nous avez promise ? »

Mais d’autres ressortissants de la RDC à Brazzaville voient dans ces manifestations la victoire de l’opposition qui a envoyé un signal fort à l’endroit de Joseph Kabila qui doit partir à la fin de son mandat. « Nous sommes nombreux ici à Brazzaville parce que rien ne va chez nous. Bien que nous déplorons ces morts, je suis content de ce que l’appel de l’opposition a été suivi », indique ce ressortissant.

A Brazzaville, la société civile n’est pas tendre avec le régime de Kinshasa sur qui elle rejette toute la responsabilité de ce qui s’est passé. Le responsable du Cercle pour les droits de l’homme et le développement, Roch Euloge N’zobo dénonce la perpétuelle répression sanglante des manifestants pacifiques. « Nous sommes très solidaires avec les opprimés de la RDC. On ne comprend pas toujours comment ces régimes dictatoriaux de l’Afrique centrale ont pris l’habitude de réprimer par la violence les manifestations pacifiques », déplore-t-il.

A l’église catholique de Brazzaville, on salue « la position courageuse » de l’épiscopat de RDC. L’abbé Félicien Mavoungou, coordonnateur de la Commission Justice et Paix, appelle à l’apaisement, et demande aux acteurs politiques «  de proposer autre chose pour l’avenir de la RDC ». L’homme d’église a également demandé aux autorités de RDC d’observer les lois, « c’est ça le jeu démocratique ».

Le trafic fluvial entre Brazzaville et Kinshasa, sérieusement perturbé a timidement repris mercredi.