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Le social des congolais reste le ventre mou des politiques publiques

A quelques jours de la prestation de serment du président Denis Sassou N’Guesso pour un nouveau quinquennat, les congolais se plaignent toujours de conditions de vie précaires tant dans les villes que dans les villages où plus de 75% d’habitants demeurent pauvres. Les politiques publiques n’ont malheureusement pas assez d’impact pour sortir les congolais de la pauvreté.

La construction des infrastructures routières et des bâtiments publics a donné un nouveau visage aux villes congolaises. Un grand pas pour la modernisation de la vie de la population. La construction de la nationale 1 et la réhabilitation progressive de la nationale 2, ainsi que les bretelles qui s’y annexent, favorisent les échanges tant commerciaux que culturels entre les départements et les grands centres de consommation.

Mais, dans leur grande majorité, les congolais broient du noir. La pauvreté sévit gravement. Elle a été renforcée par la crise économique qui frappe le pays de plein fouet depuis 2014, et récemment la crise sanitaire de Covid-19 a enfoncé le clou. La situation est tenace. Même au temps de vaches grasses, la croissance économique n’a jamais été inclusive. Le panier de la ménagère n’a pas été impacté.

Le Salaire minimum garanti (SMIG) est officiellement fixé à 90.000 francs CFA. Mais plusieurs congolais, pères et mères de famille, travaillent encore pour 50.000 francs CFA le mois.

Salaires et pensions de misère

L’Etat emploie près de 80.000 fonctionnaires, mais à chaque fin de mois, le paiement de salaires donne lieu à un spectacle hallucinant devant les banques. Très peu de sociétés privées versent des salaires dignes à leurs agents, et peinent malgré tout à en assurer la régularité. Ainsi la misère touche même ceux qui travaillent.

Si en général la pauvreté touche plus de 52% de la population du pays, selon une étude de la Banque mondiale, elle sévit presque de façon endémique dans les villages. Environ 75% de villageois sont dans la misère totale, manquant le minimum, pas d’eau potable (moins de 10%), encore moins d’électricité (5%). Ainsi, pour un simple poste de télévision ou de l’eau glacée, nombre de jeunes de village ne rêvent que de s’installer en ville.

Très peu de familles congolaises mangent trois fois par jour. Un seul maigre repas, (fait parfois d’un seul aliment comme du riz) est régulièrement servi dans les familles. Malgré ces dures conditions de vie, les parents doivent tenir leurs engagements d’élever dignement les enfants et ces derniers doivent étudier. L’Etat n’apporte pas de l’aide aux démunis.

Les plaintes des travailleurs retraités sont insondables. Selon une enquête publiée par le Sénat en septembre 2020, l’Etat doit jusqu’à 200 milliards de francs CFA à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Les retraités réclament chaque année de nombreux trimestres d’arriérés de pensions.

Quoi que des efforts ont été faits pour élever jusqu’à 64 ans l’espérance de vie au Congo, de nombreux soucis demeurent dans la qualité des soins de santé administrés à la population. On compte un seul médecin pour 20.000 patients dans le pays.

Les hôpitaux manquent de tout et la population y meurt faute d’argent. La construction de douze hôpitaux généraux, dans le cadre du programme Santé pour tous, ne devrait pas seulement viser de mailler le pays d’infrastructures sanitaires de pointe, mais surtout permettre aux démunis de se soigner. L’idée de couverture maladie tiendra également compte de l’existence des pauvres.

L’arrivée et le déploiement de quelque 200 médecins de Cuba est à n’en point douter une importante bouffée d’oxygène. Il faut donner les moyens d’appliquer ce qu’ils ont appris dans les Caraïbes.

Jeunesse et chômage

L’émergence de la nouvelle classe sociale a finalement disparu. Les jeunes qui espéraient construire un nouvel avenir grâce à un emploi décent et régulièrement rémunéré ont malheureusement connu une grosse désillusion. La crise économique a émoussé les espoirs.

La jeunesse se fourvoie dans la boisson et le banditisme, mettant gravement en péril la sécurité des citoyens. Le chômage en milieu juvénile ôte tout espoir à la tranche d’âge qui a l’âge de travailler. Ceux qui sont formés aux métiers n’ont aucune opportunité pour se mettre à l’ouvrage.

L’investiture du président Sassou N’Guesso est un nouveau départ pour les congolais qui nourrissent de nombreuses attentes. Leur rêve de sortir de la précarité n’est pas qu’une illusion. C’est pourquoi des projets de réhabilitation des quartiers précaires réalisés dans le mandat passé avec l’appui des partenaires devraient continuer à être exécutés avec rigueur. L’ouverture de chantiers dans l’agriculture avec des financements conséquents devrait inciter les jeunes à aimer le travail de la terre et à se prendre en charge.

C’est la réponse au vote des Congolais qui choisi de poursuivre le développement dans la continuité.