Close

Les autorités projettent de recruter 2.000 enseignants pour un déficit de 22.000 personnes

Le président Denis Sassou N’Guesso a annoncé, sous les applaudissements des parlementaires, lors de son message sur l’état de la nation, devant le parlement réunion en congrès, que le gouvernement allait organiser l’année prochaine un recrutement de 2.000 personnes dans le secteur de l’enseignement. L’école congolaise, au plus mal ces dernières décennies, a besoin de quelque 22.000 enseignants pour un début de relance.

Le chef de l’Etat a mis un accent particulier sur l’école congolaise dont les difficultés ne cessent d’empêcher un meilleur essor. Au Congo, l’école souffre en effet depuis plusieurs années de différents maux comme le manque d’enseignants, l’absence de tables-bancs, des salles de classe pléthoriques ou de la qualité même des enseignements dispensés.

« J’annonce que le gouvernement procédera, dès 2020, à la reprise des recrutements dans les services sociaux et prioritairement dans l’enseignement, en vue d’amorcer l’augmentation et le renouvellement progressifs d’un corps enseignant en déficit de formateurs de métier. C’est ainsi que près de 2.000 jeunes enseignants sortis des écoles normales seront intégrés à la fonction publique en 2020 », a indiqué Denis Sassou N’Guesso dans son message sur l’état de la nation.

Le chef de l’Etat a trouvé les mots justes pour mettre en garde tous les fonctionnaires qui n’attendent que ce moment pour renflouer la Fonction publique de leurs frères et cousins venus de tréfonds des villages où ils pratiquent l’agriculture, la pêche ou la chasse. « Le gouvernement conduira, avec rigueur et équité, cette opération pour éviter le recrutement d’une armée de favorisés en lieu et place des enseignants de métier » a-t-il prévenu. Mais dans un pays sans sanction, que peut valoir une tel avertissement ?

Pour que l’école congolaise comble le déficit en enseignants, il lui faut recruter quelque 22.000 personnes, notamment les élèves sortis des écoles de formation. Or, aujourd’hui, sur les 22.000 places vides, l’Etat n’a réussi à combler que 4.160 par des enseignants, mais qui exercent encore en qualité de volontaires. Ce ne sont pas des salariés, et ils font face à de nombreuses difficultés, puisque la plupart d’entre eux ont pris le service à l’intérieur du pays. De temps à autres, ils organisent des mouvements d’humeur pour se faire entendre des pouvoirs publics.

L’annonce pour le recrutement dans l’enseignement l’année prochaine devrait être vécue comme une bouffée d’oxygène, bien que de nombreux vides resteront encore à combler dans les écoles. Dans l’enseignement général, le Congo compte 235 collèges et 55 lycées. Tous ces établissements publics qui naissent comme des champignons ne respectent parfois pas l’exigence de proximité.

Cette affluence des écoles pose également le problème de pléthore des salles de classe. Le ratio n’est pas à moins de 150 élèves par enseignant. En fait, il faut dire par salle, car il y a des enseignants qui peuvent tenir jusqu’à trois salles de classe dans un établissement scolaire.

En début des années 2000, l’épouse du chef de l’Etat, Antoinette Sassou N’Guesso avait lancé un Réseau national pour le suivi de l’atelier d’Oyo (RENATO), en fait un cadre participatif où les parents d’élèves, les sociétés privées et la société civile s’engageaient à sauver l’école congolaise dans la réhabilitation des infrastructures et la formation des enseignants. Une initiative qui n’a pas fait long feu.

Pour entamer la thérapeutique de choc, les pouvoirs publics s’emploient, sans impact réel, à apporter des solutions dans le renforcement du personnel enseignant et l’augmentation des tables-bancs. Le déficit est tellement béant que même les 200 milliards alloués deux fois pendant les deux années (2014 et 2015) de l’Enseignement n’ont pas suffi.

En 2019, l’Etat a mis près de 125 milliards de francs CFA dans le secteur de l’Enseignement primaire et secondaire dont plus de 10 milliards d’investissement. La réalité est patente, notamment dans la qualité des bâtiments scolaires actuels (ruines fades), sans parler des enfants qui s’asseyent toujours par terre. Si le gouvernement ne reconnaissait pas ces failles, jamais il n’arriverait à relever le défi en 2020, quelque soit le budget alloué et les 2000 enseignants recrutés.

L’école congolaise compte 4.020 établissements primaires dont 1.927 tenus par des opérateurs privés. Les confessions religieuses tiennent environ 200 écoles. L’école primaire publique dispose de très mauvaise structures, notamment dans les départements où les enseignants sont rares. Un seul enseignant titulaire peut tenir toute une école primaire avec six classes, et est souvent appuyé par des volontaires (des diplômés moyens de l’école générale qui alternent entre leurs travaux champêtres et les cours) à la charge des parents.