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Les commerçants multiplient les techniques de vente pour écouler leur marchandise 

C’est une glacière dans une brouette que les distributeurs de la bière promènent dans ces allées étroites du marché. Les clients sont les vendeurs et les vendeuses fiables, habitués de la place, toujours assis derrière leur marchandise.

L’enjeu est d’éviter au marchand de se déplacer, d’abandonner sa marchandise aux voleurs, pour une bière. Le marchand attendra désormais sur place. Quelquefois, il suffit d’un coup de téléphone pour que le livreur accoure. « C’est aussi pour nous, une façon de venir en aide à tous ces marchands qui éprouvent  l’envie de consommer une bière, avec ou sans argent disponible », révèle un livreur anonyme.

C’est un chapelet  de clients  qui attend impatiemment le passage de la bière ambulante, dès que la chaleur devient insupportable.

« Il faut voir comment des bouteilles s’alignent sur les tables dès que le soleil est au zénith. Cela continue jusque dans l’après-midi. Il fait si chaud ces derniers temps qu’il nous est impossible de résister à une bière bien fraîche », témoigne une marchande de légumes, habituée à cette pratique.

Parmi les clients, il y en a qui fuient les dettes et  payent au cash. C’est du tic au tac.  « Umélaaaaah !!! » (Demeure longtemps !) », lance souvent le livreur avec une pointe d’ironie piquante qui incite les voisins à en faire autant. C’est l’idéal. « Que l’on paye au cash ou pas, le but est le même. La livraison se fait  à l’instant » réplique une  cliente qui semble banaliser ces cris provocateurs. Influencé par l’entourage. Certains clients, influencés par l’entourage, se laissent aller par enthousiaste. Au cœur du défi, s’installe un climat malsain.

Le processus est simple. Le livreur ou la livreuse passe déposer la bière à la demande puis note dans un cahier, pour bien faire les comptes, le nom du client qui s’endette. Cette dette ne pèsera pas sur le rendement journalier.  « Le recouvrement se fait en deux phases. Après la livraison, je ne reviens que deux jours plus tard pour prendre 250 frs d’abord. Je reviendrai,  après deux jours encore, récupérer les 250 frs restant. Le client a largement du temps pour épuiser sa dette », explique une livreuse.

La technique de ‘’ la bière vers le marchand ’’ qui  est une initiative mise en place pour écouler facilement sa marchandise ne fonctionne pas qu’avec les produits de la brasserie. Les tenanciers des ‘’ maléwa ‘’, ces restaurants de fortune installés dans les marchés l’ont également adopté. Avec la bienvenue de cette  technique de  ‘’ l’assiette vers le marchand ’’, il est  très rare de ramener à la maison ce qu’ils appellent dans leur jargon ‘’bitula’’. C’est-à-dire, l’invendu.