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Les jeunes dans la vente des chiffons le long des avenues goudronnées

Les jeunes dans la vente des chiffons le long des avenues goudronnées

A Brazzaville, l’oisiveté a fini par conduire les jeunes désœuvrés dans la vente des chiffons le long des avenues goudronnées, beaucoup plus à des endroits où il y a plus d’affluence de véhicules et de piétons. Ces chiffons sont d’un usage indéniable.

Le « Chiffon » est au départ un T-shirt ou un autre vêtement, léger, en matière coton. Une fois divisé en deux parties, par les vendeurs, au niveau des manches, le vêtement prend l’allure d’une loque et celui-ci en fait un lot qu’il s’en va proposer aux automobilistes en marchant le long de l’avenue goudronnée. Comme une abeille, le vendeur va de véhicule en véhicule, brandissant le linge suspendu à son bras. Les clients les plus fidèles sont les chauffeurs de bus et les chauffeurs de taxi. Vendue à 50 francs CFA la pièce, la population se retrouve, disent ces marchands ambulants.

Les premiers clients sont les receveurs des bus qui s’en servent pour essuyer les sièges où les femmes, par mégarde,  laissent couler de l’eau provenant des sacs de provisions contenant des vivres frais, légumes, tomates et autres aliments humides. Ils s’en servent aussi pour épousseter les sièges souvent enjambés, que les semelles de chaussures boueuses salissent facilement en période de saison de pluies. Quant aux chauffeurs c’est la pare-brise et les  rétroviseurs qui sont prioritaires. Autant pour les taximen. Mais l’usage de ces chiffons ne s’arrête pas là. On est parfois surpris de les voir s’en acheter pour servir uniquement à s’essuyer les mains ; le visage et les bras en sueur.

Du côté des piétons, ces loques qui ont curieusement remplacé les petites serviettes que les citoyens affichaient autrefois partout dans la ville posées à l’épaule sont également nécessaires. Plus légers et plus doux, ils les trouvent moins encombrant.

Les marchands utilisent ces chiffons pour essuyer les nappes qui couvrent leurs tables

Les pousseurs de brouettes, eux, s’en servent pour se voiler le visage afin de ne pas se laisser reconnaitre par la population. On trouve dans la même équipe, les porteurs de sacs de ciment, les balayeurs des artères de la capitale embauchés par la société AVERDA et bien d’autres encore qui en font presque des cagoules. Tout ceci offre des avantages aux vendeurs de chiffons.

« Ce commerce me permet de prendre ma famille en charge. Comme je ne peux pas aller voler, je me débrouille dans cette vente de chiffons qui fait que j’en arrive à gagner un petit 2.000 frs voire 3.000 francs CFA. J’atteins parfois la somme de 4.000 francs CFA par jour », confie Christilty Bansimba, un jeune vendeur de l’avenue de l’ OUA au marché Total, dans le 2ème arrondissement, Bacongo.

Il faut reconnaître l’accompagnement des vendeuses de friperie qui ne se font pas prier lorsqu’elles voient arriver ces jeunes débrouillards venus à la source se ravitailler en marchandises. « C’est nous qui leur fournissons des chiffons. Aujourd’hui, je vends des pantalons. Mais lorsque j’ai pour marchandise des T-shirt, je m’arrange à leur trier des vêtements hors d’usage en plus des invendus que je leur vends à prix de gros et à vil prix. Un vêtement vendu hier à  200, 300 ou 500 francs CFA va leur être soldé à 100 francs CFA, juste pour leur permettre de faire du bénéfice.

La vente des chiffons est une pratique qui a été initiée par les sans-emplois dans la ville côtière à Fond Tié-Tié, avant de se répandre partout dans Brazzaville.