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Les journalistes en première ligne, mais mal protégés à Brazzaville

Depuis l’annonce du premier cas de Covid 19 le 14 mars dernier, les journalistes travaillent d’arrache-pied à informer la population. Mais, leur situation est très inquiétante, car ils sont très mal protégés. Si quelques uns obtiennent des masques auprès du boutiquier du coin, d’autres achètent les gants au marché, et rarement dans les pharmacies.
Dans certains médias comme DRTV, Vox TV ou Les Dépêches de Brazzaville, la direction s’emploie à offrir l’équipement minimum aux équipes de reportages. Des micros filmés avec du plastique, ou des perches de fortune comme on l’observe chez Vox TV , sont des moyens de bord qu’utilisent les équipes pour se protéger du Covid-19, un virus très virulent, d’après les experts. Mais l’obsession d’informer ou de tomber sur des scoops fait minimiser aux journalistes le risque qu’ils encourent dans l’exercice de leur profession.
Il n’est pas rare de trouver sur les lieux de reportage des journalistes sans gants et qui échangent entre eux sans masque. On y voit même des petits enregistreurs ou des téléphones portables à portée de main. Le souffle et les postillons de l’interlocuteur environnent évidement le champ d’activité des journalistes.
Mais pourtant, très récemment, la ministre de la Santé, Jacqueline Lydia Mikolo affirmait avoir remis à la télévision nationale, un lot de quelque 1000 masques. Un instinct sélectif et sectaire presque naturel, car Télé Congo fait partie de l’administration publique, et donc le regard du gouvernement est souvent biaisé et complaisant envers les autres médias, qui parfois font mieux. Mille masques pour Télé Congo, et 0 masque pour les autres médias congolais. À cette annonce faite à l’hémicycle, aucune question de députés, aucune inquiétude des représentants du peuple pour les journalistes, alors que leur séance de questions d’actualité était ce jour-là transmise en direct. Et d’autres médias avaient leurs reporters dans la salle.
Au cours d’une réunion tenue la semaine dernière avec les responsables des médias, la ministre de la Santé a même affirmé avoir déjà servi « trois fois » les médias. Mais ni Vox TV ni DRTV n’ont reçu le moindre gant. Les fameux 200 masques qu’on dit avoir donné à DRTV n’ont jamais été réceptionnés par la direction, selon Yolaine Yot, sa directrice générale, présente à cette rencontre.
Les organes de presse écrite ne sont même pas évoqués lors de ces discussions. En première ligne depuis l’annonce de l’épidémie, les journalistes encourent d’énormes risques dans le seul but d’informer la population. En cette période de pandémie, caractérisée par de nombreuses restrictions, notamment le confinement, les besoins en informations deviennent le lot quotidien des Congolais.
Les médecins et les agents de la force publique, également en première ligne, sont pris en charge. Malgré les dysfonctionnements constatés dans le dispatching de ces équipements, au moins les dotations en direction de ces services acquises.  Le don du milliardaire chinois Jack Ma n’aurait donc pas suffi à tout le monde. Les journalistes du secteur privé doivent se débrouiller avec les moyens de bord, s’ils souhaitent continuer de couvrir l’actualité du Covid-19.