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L’Etat déterminé à créer des mairies malgré la morosité économique

Le conseil des ministres a approuvé  le 5 avril à Brazzaville le projet de loi précisant la nouvelle ligne de démarcation des mairies de plein exercice qui viennent d’être créées au niveau de chaque chef-lieu de département. Au terme de cette loi, Madingou, Sibiti, Kinkala, Djambala, Ewo et Owando, seront des communes avec des maires élus au même titre que Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie, Nkayi, Mossendjo et Ouesso. Des changements qui arrivent au moment où le pays fait face à une situation économique morose.

Le gouvernement reste déterminé à mettre en œuvre son chantier de création des communes de plein exercice supplémentaires. Une action de décentralisation qui va rapprocher les populations de leurs administrateurs. Très souvent, les usagers courent d’énormes distances pour se faire délivrer un document d’état civil, tout comme des très grandes localités meurent sous le poids d’insalubrité, faute de moyens et de politique d’urbanisation. La création de nouvelles villes autour d’un idéal de bien-être est une bonne chose.

Les pouvoirs politiques ont-ils aujourd’hui les moyens de leur politique ? Trop de communes tuerait la commune, commentent des observateurs qui estiment par ailleurs que le gouvernement aurait commencé par deux ou trois communes pilotes. Les autres chefs-lieux obtiendraient progressivement le statut de commune.

Créer de nouvelles villes suppose des moyens. Avec un budget de 2.744 milliards de francs CFA, le gouvernement est déjà trop juste dans les dépenses. Bien que 176,5 milliards soient alloués cette année au ministre en charge des villes, les défis sont grands dans le contexte actuel.

Les anciennes communes ont déjà du pain sur planche pour faire tourner leurs services.

Brazzaville, la ville-capitale, malgré des chiffres faramineux, se retrouve à des niveaux de décaissement souvent bien faibles. Cette année, Brazzaville a adopté un budget de plus de 27 milliards de francs CFA, contre 28 milliards en 2016. Le visage de la ville laisse toujours à désirer.

Pointe-Noire et Dolisie ne sont pas logées à une différente enseigne. La capitale économique a adopté un budget primitif de plus de 21 milliards de francs CFA, soit 3 milliards de moins que l’année dernière. Tous les maires disent tirer le diable par la queue. Ils font face à de régulières menaces de grève de la part de leurs agents. Si le gouvernement n’intervenait pas directement sur la gestion de ces mairies, elles ressembleraient à de véritables campements dépourvues de routes et de voiries urbaines.

Avant l’érection des chefs-lieux des départements en communes, le gouvernement a tenté l’expérience avec de grandes localités comme Bétou, Pokola, Okoyo, Oyo, Gamboma, Kibouendé, Bouansa, Zanaga, Mbinda ou Mvouti, comme communautés urbaines. Dans nombre de ces localités, les administrateurs nommés n’ont pas de bureaux dignes pour mener leur mission de transformer ces cités en de véritables villes agréables pour tous. Les autorités auraient pu tirer les leçons de ce coup d’épée dans l’eau. Une érection par étape permettrait de construire des villes modernes, avec des maires élus.

Le processus de municipalisation accélérée qui a touché tous les départements du pays nourrissait pourtant les ambitions de permettre aux maires de travailler dans des infrastructures modernes. Mais, les maires de Bétou, de Divenié, de Mouyondzi, ou de Dongou attendent toujours leurs bureaux, parfois devenus éléphants, surtout dans la Likouala.