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L’opposition et la société civile restent dubitatives sur le Conseil national du dialogue

Le chef de fil de l’opposition congolaise, Pascal Tsaty Mabiala a indiqué le 10 juillet à Brazzaville que le lancement du Conseil national du dialogue (CND) n’était pas une priorité pour les Congolais. Il a plutôt évoqué la convocation d’un dialogue inclusif, franc, fraternel qui traitera les questions politiques, sociales et économiques actuelles. D’autres acteurs de l’opposition et de la société civile récusent aussi le CND.

Le lancement des activités du Conseil national du dialogue (CND) le 9 juillet à Brazzaville a été un motif de satisfaction pour le gouvernement et les partis politiques de la majorité présidentielle.

Le premier ministre, Clément Mouamba avait d’ailleurs indiqué que le CND allait permettre aux forces vives de la Nation de disposer d’un cadre idéal pour régler les problèmes d’intérêt national, de prévenir, surveiller et consolider les acquis de la paix.

Ce point de vue a été nuancé par le premier secrétaire de l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS) qui reste encore dubitatif par rapport à la marge de manœuvre du CND.

«Ce qui se fait actuellement avec le CND n’a rien à avoir avec ce que nous attendons. Nous sommes pour un dialogue franc, fraternel et réparateur. Un dialogue qui inclura la gouvernance électorale, l’élection présidentielle de 2021, la crise du Pool qui n’est pas encore réglée politiquement, la réconciliation et l’unité nationales. Mais il faudra, en plus, une volonté politique qui mettra le mieux-vivre et le bien-être des Congolais au centre des débats», précise Pascal Tsaty Mabiala.

Malgré ses interrogations, le chef de l’opposition a assuré que les partis issus de son obédience politique  restent fidèles à un dialogue inclusif et sans préalable, chapeauté par le CND mais représentatif des différentes forces vives de la Nation.

Le CND, un organe de trop  

Pour certains acteurs de la société civile et ceux de l’opposition non-institutionnelle, le CND semble être une nouvelle institution non crédible et qui ne devra donc pas apporter les solutions attendues par les Congolais, en matière de paix durable.

«Le CND est un organe de trop qui va mobiliser beaucoup de moyens financiers pour son fonctionnement, au moment où les retraités et les étudiants par exemple en ont plus besoin. Le décret portant création du CND, l’approche, les missions qui lui sont dévolues font de lui une structure non crédible», explique Trésor Nzila, le directeur exécutif de l’Observatoire congolais des droits de l’homme (OCDH).

Joe Washington Ebina, le président des Forces unies pour la liberté et la démocratie (FUL-D), membre de la société civile, a pour sa part, fait appel à un dialogue dont les préalables d’inclusivité devront prendre en compte la libération de certaines personnalités de l’opposition.

«Le dialogue que nous attendons devra décrisper le climat politique, social, économique et sécuritaire. Il devra inclure aussi les personnalités politiques qui ont un point de vue contraire à celui du pouvoir en place, comme Jean Marie Mokoko et André Okombi Salissa qui devront ainsi être libérés», note-t-il.

Eric Mampouya, qui fait partie de la fédération de l’opposition non-institutionnelle est quant à lui pessimiste sur le rôle assigné au CND.

«Le format et les personnalités qui composent le secrétariat permanent du CND ne nous inspirent pas confiance car ce sont des Congolais choisis pour les mêmes objectifs que ceux des autres dialogues dont les conclusions sont restées lettres mortes jusqu’à ce jour», regrette-t-il.

Au regard du pessimisme suscité par le CND, la tâche de Martin Mbéri, secrétaire permanent de cet organe, devra être d’utiliser l’approche persuasive et conciliante. Il a ainsi l’impérieuse mission de baliser le chemin de ce futur dialogue politique, grâce aux discussions avec les partis politiques et les organismes de la société civile.