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Un pipeline entre Pointe-Noire et Ouesso pour juguler les pénuries de carburant

La Société nationale des pétroles du Congo (SNPC) reste déterminée à construire un oléoduc entre Pointe-Noire, la ville pétrolière, et Ouesso, dans l’extrême nord du pays, dans le but de transporter et de stocker le carburant sur l’ensemble du Congo. L’idée a fait du chemin et les études de faisabilité sont bouclées. La SNPC n’attend plus que les autorités gouvernementales pour lancer ce vaste projet qui aura de l’impact jusque sur la sous-région Afrique centrale.

Ce projet de construction de pipeline a été présenté par le directeur des Etudes et développement de l’aval pétrolier chez SNPC, Norbert Mabiala, lors de la conférence internationale sur les hydrocarbures, organisée du 24 du 26 avril à Brazzaville. L’oléoduc passera par les villes comme Dolisie, Madingou, Loutété, Mindouli et Yié où il y aura une grande boucle avant de remonter vers le nord du pays par Oyo, puis Ouesso. Le pipeline suivra soit la ligne électrique haute tension, soit la route la nationale N°1.

Yié sera un terminal important dans la disposition de cet ouvrage. Il permettra de dispatcher les produits pétroliers vers Brazzaville et le nord du pays, mais surtout vers le futur port de Maloukou-Tréchot qui facilitera les exportations du brut voire du gaz vers la République démocratique du Congo (RDC). Dans ce port, quelque 2 millions de tonnes de carburant y sera stocké.

La construction de cet ouvrage est un projet de l’Etat congolais, a affirmé Norbert Mabiala. Mais d’autres partenaires peuvent y apporter des financements. L’essence, le gasoil et le kérosène seront directement transportés dans ce tuyau de plus de 1200 Km qui traversera le Congo entier du sud au nord.

C’est grâce à cet ouvrage que la disponibilité des produits pétroliers sera assurée. Les pénuries chroniques et récurrentes de carburant pourront ainsi trouver solution, selon les promoteurs du projet. Les retards d’approvisionnement causés souvent par le transport routier peuvent être abolis grâce à un transport instantané du carburant. Bien que le Congo reste toujours dépendant des 30% de sa consommation du carburant, le transport par oléoduc est une solution. Cette consommation est en perpétuelle croissance de 5% chaque année.

La date du lancement des travaux n’est pas encore connue. Selon le chronogramme de la SNPC, la construction de l’ouvrage va durer trois ans, et se fera en six phases. D’après Norbert Mabiala, les 99% des agents qui seront engagés à construire ce pipeline seront des Congolais. Une étude d’impact environnemental menée pour la réalisation de ce projet gigantesque assure la protection des forêts, des réserves, des villages et autres sites, le long de la ligne. La loi sur les expropriations sera appliquée en cas de nécessité.

Le pipeline entre Pointe-Noire et Ouesso sera également d’un grand intérêt sous-régional. La consommation en carburant des pays voisins est aujourd’hui, et le Congo pourra assurer le transit de 1.147.204 tonnes par an, contre de carburant si ce pipeline était construit. La RDC, le Cameroun, le Tchad et la Centrafrique seront les grands clients. Le port de Maloukou avec une capacité de stockage de 905.000 mètres cubes de produits pétroliers jouera le rôle de plaque-tournante dans la desserte.

Plusieurs partenaires sont déjà venus frapper à la porter du Congo pour la réalisation de ce pipeline. Mais les Russes sont très introduits. L’ambassadeur de Russie au Congo, Youri Aleksandrovich Romanov avait même annoncé début février « pour bientôt » la phase pratique de ce projet. La SNPC et la société russe Zarubezhneft avaient déjà signé un protocole d’accord dans ce sens.

Mais le Congo pourra aussi bien discuter de la faisabilité de ce projet avec d’autres partenaires. Les Chinois sont de plus en plus en vue sur beaucoup de chantiers dans le pays, et le pétrole n’est pas à l’écart des cartes de marché sur la table de cette coopération. En plus, les banques chinoises semblent aujourd’hui avoir la main plus légère dans le préfinancement des projets au Congo. La construction sur 1200 Km d’un oléoduc entre Pointe-Noire et Ouesso, exige effectivement de gros financements.