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Pourquoi seulement le PCT partout ?

Le Parti congolais du travail (PCT, au pouvoir) occupe depuis des semaines le devant de la scène politique et médiatique suite aux préparatifs de son congrès à venir. Les autres formations politiques du pays n’ont curieusement pas d’activités à proposer à leurs cadres ou militants au cours de cette même période.

Le PCT va tenir son cinquième congrès ordinaire en cette fin décembre, et les préparatifs vont bon train, selon les organisateurs. Il ne se passe plus un seul jour sans que le principal parti au pouvoir ne fasse parler de lui. Les médias, notamment la télévision et la radio nationales, alignent jusqu’à quatre papiers dans leur journal pour ne parler que de PCT. Et ceci, sans compter les pages spéciales, très prisées des formations politiques congolaises.

Ce congrès vise de grands changements au sein de la formation politique créée comme par hasard en décembre 1969 par le commandant Marien Ngouabi et ses camarades révolutionnaires, tous jeunes marxiste-léninistes. Cinquante ans après, le PCT est à la croisée des chemins, face à une montée de la jeunesse qui appelle aux profonds changements.

D’ailleurs, parmi les attentes de cette grand-messe politique figure en bonne place l’élection au poste du secrétaire général du PCT. Pierre Ngolo, 65 ans, par ailleurs président du Sénat, devrait remettre son titre sur la table. S’il devrait être à nouveau candidat à ce poste de secrétaire général, les jeunes lui opposeraient certainement le non-cumul de fonctions, un débat qui a beaucoup charrié les contradictions et la contestation au sein du PCT. Plusieurs membres qui n’auraient pas convaincu le bureau politique ou le comité central se sont déversés sur les réseaux sociaux, à la grande surprise des internautes.

Alors que l’ex-parti unique s’emploie à organiser ses congrès fédéraux dans l’ensemble des villes du pays, les autres formations politiques ont choisi de lui faire la place. Les partis de l’opposition et du centre n’ont d’un coup plus d’activité. Ils auraient ainsi préféré laisser le PCT dérouler son plan en mobilisant des militants de partout, et en les laissant appeler à un nouveau soutien au président Denis Sassou N’Guesso. L’opinion ne sera d’ailleurs pas surprise de voir les dirigeants de l’opposition et du centre prendre des cartes d’invitation pour meubler par leur présence l’ouverture du cinquième congrès du PCT.

Le PCT aurait-il fait de l’ombrage à d’autres formations politiques ? Devrait-on continuer d’entretenir une démocratie de luxe en ayant plus de 200 partis politiques au Congo quand leur visibilité est quasi nulle ? Le fait que des personnalités et certains partis politiques ont opté de se fondre au PCT ne devrait pas seulement que susciter de la critique, mais également de la réflexion.

Généralement, le même modèle sera reproduit aux prochaines élections. Les partis engagés à l’alternance politique, déjà en désaccord, ne pourraient pas défendre une ligne d’action commune contre le candidat de la majorité. Dénonçant l’effet de surprise sur la date des élections, ils appelleront diversement leurs militants à aller ou pas voter. Mais, sur le terrain politique, leurs actions sont à peine visibles.

Même dans les fiefs et bastions réputés de l’opposition, l’ancien parti marxiste-léniniste bat le plein. Les congrès de districts ou d’arrondissements sont irrigués par un grand monde. Aucune autre action politique contraire ou alternative ne les détourne. Plusieurs militants de l’opposition, ruinés par l’inactivité dans les quartiers, se ruent vers les assemblées générales du PCT pour se faire une activité politique, de quoi se mettre sous la dent.

Dans les salles de rédaction, les journalistes gèrent actuellement de nombreuses invitations à couvrir les manifestations du PCT. Par souci d’équilibre, certains sollicitent des interviews auprès des acteurs politiques de l’opposition ou du centre sur des sujets divers tels que l’état des droits de l’homme au Congo, la lutte contre la corruption ou les consultations pour le dialogue national que mènent Martin Mberi et sa cellule de communication. Mais très peu sont joignables à leurs téléphones portables, et nombreux auraient déjà pris des vacances en cette fin d’année pourtant agitante !