Les raisons de la chute de prix du ciment à Brazzaville
La mise en service cette année de la cimenterie de Hinda dans le Kouilou, et en 2014 de l’usine de Forespak à Dolisie dans le Niari a essentiellement boosté la production du ciment au Congo. La cimenterie de Loutete dans la Bouenza et les produits des importations sont toujours par ailleurs sur le marché congolais.
Cet élan de production n’est pas loin de se terminer. Deux autres importantes cimenteries vont entrer, selon les prévisions, en production dès la fin de cette année. Il s’agit de la cimenterie de Mfila dans la Bouenza et celle de Mindouli dans le Pool. Ce qui va porter la production globale du Congo à 3,5 millions de tonnes de ciment, contre seulement 600.000 tonnes aujourd’hui.
Les besoins en ciment au Congo avoisinent les 950.000 tonnes, selon les statistiques officielles. Près de l’ensemble de ces besoins sont en passe d’être comblés par la production locale, grâce aux usines de Hinda, de Loutété et de Dolisie qui devraient produire en tout quelque un million de tonnes l’année. Certes les difficultés majeures entrainent parfois la rupture dans la chaine de production. La Société nouvelle des ciments du Congo (SONOCC) de Loutété qui a vu augmenter depuis avril 2015 sa capacité de production peut fournir 300.000 tonnes l’année.
La nouvelle chaîne de production en service à Loutété, permettra d’atteindre cet objectif d’ici fin 2016. Encore estimée à 75.000 tonnes en 2012, la SONOCC atteindra en effet en fin 2016 une production de 300.000 tonnes de ciment l’année. Actuellement, le complexe cimentier n’est pas totalement au top de sa capacité installée. En 2013, elle n’a produit que 90.000 tonnes, et en 2015 la production a atteint 200.000 tonnes.
Grâce à un accord-cadre d’un coût global de 30 millions de dollars passé entre les gouvernements chinois et congolais, la SONOCC a renforcé sa capacité de production. L’usine de Loutété produira bientôt jusqu’à 1000 tonnes de clinker par jour. Un produit que l’usine continue à importer pour la fabrication du ciment. Au cours de son exercice 2013, la société a pu réaliser un bénéfice de l’ordre de 600 à 700 millions de francs CFA.
Cette cimenterie aurait pu faire mieux si les coûts de production n’étaient pas aussi élevés, font constater les techniciens chinois. La société importe en effet le gypse, produit essentiel dans la fabrication du ciment. En plus, la SONOCC importe du fuel, lors des pénuries de carburant dans le pays. Des dépenses systématiquement reflétées sur le prix du sac de ciment à Brazzaville notamment.
Forespak est la deuxième cimenterie du pays installée à Dolisie dans le Niari. En service depuis mars 2014, sa capacité de production est de 300.000 tonnes. Dolisie est une industrie montée avec les capitaux chinois estimés à 34 milliards de francs CFA. Forespak apporte une vraie bouffée d’oxygène dans l’approvisionnement du ciment sur le marché national. Le ciment produit à Dolisie comble principalement le marché de Brazzaville où il y avait régulièrement déficit du produit.
L’avenir reste très promoteur pour le marché du ciment au Congo. A Mindouli dans le Pool, le groupe indien Diamond Cement Congo, construit une usine qui produira jusqu’à 600.000 tonnes l’an, et les premiers sacs de ciment sont attendus fin 2016. Les travaux de construction de l’usine de Mindouli engloutiront une bagatelle de 51 milliards de francs CFA. D’après les autorités, le groupe indien devrait aussi se spécialiser dans la production du clinker. La présence d’une importante chaîne de montagnes dans la région rend accessible la principale matière première, le calcaire. Lors d’un séjour de travail dans le Pool en juillet 2015, le président Denis Sassou N’Guesso a visité les installations de Diamond Cement Congo, et a été assuré que l’usine produira ses premiers sacs de ciment à la fin de cette année 2016.
Une autre usine, Ciment d’Afrique (CIMAF), implantée à Hinda dans le kouilou va produire jusqu’à 650.000 tonnes de ciments l’an. En association avec des hommes d’affaires marocains, le gouvernement a investi 20 milliards de francs CFA pour élever cette autre cimenterie, non loin de Pointe-Noire, la capitale économique.
Et ce n’est pas tout. Le Congo va bientôt se doter d’un des plus grandes cimenteries de la sous-région, grâce aux financements du milliardaire nigérian Dangote. Cette usine se construit à Mfila, dans la Bouenza, et sa production est fixée chaque année à 1,5 million de tonnes.
Les analystes de la filière ciment prévoient une baisse drastique du prix du ciment dès 2017. On voit le sac du ciment à 3.500 francs CFA à partir de cette période. Et la chute devrait continuer jusqu’à 2.500 francs CFA, le prix rêvé de tous les Congolais, car le sac de ciment de 50 kg a coûté ce prix-là jusqu’à la fin des années 1980. La surabondance du produit ne fera pas seulement du Congo un pays exportateur du ciment, mais les consommateurs locaux vont accéder à moindre coût au ciment.
Actuellement les prix restent moyens et abordables. Révolue est l’époque où le sac de ciment a coûté 14.000 francs CFA. C’est avec grande peine que les Brazzavillois ont affronté cet obstacle pour se lancer dans la construction. Non pas que le produit coûtait cher, mais il n’est pas toujours disponible sur le marché. Aujourd’hui, la filière ciment reprend du poil de la bête.