REJOINT renforce la lutte des journalistes contre le tabac

Une cinquantaine de journalistes d’une dizaine de pays d’Afrique francophone, réunis du 19 au 20 mai à Bamako au Mali, ont réaffirmé leur engagement dans la lutte contre le tabac qui tue chaque année environ 900 millions de personnes dans le monde. Un réseau de journalistes a été restructuré dans le but de mettre en œuvre un plan d’actions adopté à cette occasion.

Le Réseau des journalistes observateurs de l’industrie de la nicotine et du tabac (REJOINT) a maintenu son bureau mis en place à la dernière rencontre tenue en 2016 à Grand Bassam en Côte d’Ivoire. Le présent Sadou Abdoulaye Yattara et le coordonnateur Aliou Goloko vont continuer de piloter le réseau, avec l’appui de deux sous-coordonnateurs issus de deux régions, Afrique centrale et Afrique de l’Ouest.

Dans chaque pays, un point focal assurera les activités de REJOINT avec des journalistes engagés localement dans la lutte anti-tabac. Il est possible qu’une cellule plus simple soit mise en place dans chacun des pays pour faciliter le fonctionnement de REJOINT, ont adopté les participants, encourageant les journalistes à se faire plus crédibles en produisant des articles de qualité.

Un plan d’actions axé sur les formations, les activités commémoratives sur le tabac et surtout les reportages de terrain sur la problématique du tabac, a également été adopté par les journalistes. Sa mise en œuvre dépendra de la mobilisation des moyens financiers et logistiques, ont par ailleurs reconnu les membres du réseau.

Les journalistes ont échangé, pendant la rencontre de Bamako, autour de l’avenir de l’industrie du tabac. Les politiques nationales se corsent en effet pour l’industrie du tabac. Des lois prises au niveau des pays de l’Afrique du centre et de l’ouest épousent les principes de la Convention-cadre de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) que le Congo a ratifiée en 2006. La loi congolaise anti-tabac a été adoptée en 2009 et donne aujourd’hui les moyens d’interdire la publicité sur la cigarette à la télévision et à la radio, encore moins les industries de parrainer de grands événements, notamment sportifs. Des surtaxes militent également pour la fin des industriels de la nicotine.

Un industriel du tabac, Philip Morris International, représenté à la rencontre de Bamako par son directeur des affaires institutionnelles, Harouna Ly, a présenté aux journalistes des progrès réalisés dans l’amélioration de la cigarette. Cette industrie, leader dans la filière mondiale du tabac, a affirmé qu’il était possible de fumer une cigarette sans nicotine ni autre poison. C’est le cas de Iqos dont l’expérimentation a prouvé que près de 95% des agents nocifs ont été extirpés de cette cigarette. Il s’agit du fruit de la recherche engagée par Philip Morris International qui a investi plus de 3 milliards de dollars.

Le coordonnateur du Réseau des journalistes observateurs de l’industrie de la nicotine et du tabac, Aliou Goloko s’est réjoui de la grande mobilisation des journalistes pour rejoindre le réseau. Il a recommandé un grand travail dans les pays, afin que la lutte contre le tabac s’amplifie et se fasse remarquer auprès des consommateurs et des industriels du tabac.

De nombreux enjeux entourent l’industrie du tabac, si bien que les experts estiment que les médias devraient ouvrir le jeu aux différents acteurs. « Souvent on ne donne la parole qu’aux acteurs anti-tabac. Du coup, on ignore ce que font les industriels du tabac dans le sens de l’amélioration des produits du tabac. C’est le rôle des médias de le faire », a encouragé Sadou Abdoulaye Yattara, un doyen dans la profession de journaliste.

Selon le président de la plateforme médiatique AllAfrica, Amadou Mahtar Ba, il faut que les journalistes soient pertinents en abordant cette problématique. Le fait de se mettre en réseau est une bonne initiative, car la bataille va commencer, a-t-il affirmé, exhortant les journalistes à produire plus de reportages pour attirer l’attention de plus de monde dans la lutte anti-tabac.

Les journalistes d’Afrique francophone venus entre autres du Congo, de RDC, du Bénin, du Sénégal, de Côte d’Ivoire, de Guinée, du Togo, du Niger, du Burkina Faso, du Mali, se sont engagés à poursuivre la lutte contre le tabagisme. Les industriels et les gouvernements ont besoin des médias pour communiquer sur cette question.