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La SNE vaincue par des contestataires à Manianga et à Jacques Opangault

La Société nationale d’électricité (SNE) peine depuis des années à s’imposer de façon formelle dans le recouvrement des factures de consommation du courant, dans ces deux  quartiers de Brazzaville. Les agents de la SNE n’y vont plus déposer les factures, des contestataires et autres fraudeurs ont su tirer leur épingle du jeu.

Au quartier 68 Manianga, l’électricité de la SNE est distribuée de façon frauduleuse, au mépris des normes élémentaires en la matière. D’où la très mauvaise qualité du produit. D’ailleurs, la question a été évoquée lors d’une réunion organisée le 19 mars par des propriétaires des parcelles. Le recours à la SNE pour une meilleure desserte du quartier en électricité c’est la principale moisson de cette rencontre tant attendue. «Il revient à la SNE seule de pouvoir remettre de l’ordre dans l’acquisition de l’électricité chez nous ici. Car les gens blaguent trop avec le courant électrique. La SNE doit pouvoir procéder au démantèlement de tous les branchements pirates afin que son réseau  redevienne sain  ce, au bénéfice de tout le monde », a signifié un habitant dudit quartier au sortir de la réunion.   

Au quartier Manianga, certains anciens habitants du quartier se sont adjugés le marché de distribution du courant aux nouveaux venus, moyennant des sommes qui oscillent entre 25.000 et 50.000 francs CFA. «Ce n’est pas croyable, quelqu’un qui n’est ni technicien, ni agent de la SNE a le toupet de distribuer du courants aux populations et encaisse des fonds, sans s’inquiéter et, pendant des années, on est dans quelle République », s’est interrogé Pascal, dépité par la faible intensité du courant dans son foyer.

Une situation insupportable qui n’arrange pas aussi certaines mères de famille. «Avant, on s’en sortait bien, on pouvait faire des provisions, malheureusement ces derniers temps, c’est chose impossible, à cause de ces fraudeurs que la SNE n’arrivent pas à traquer. J’espère qu’un jour ce désordre finira », a fait savoir une dame, pourtant abonnée officielle de la SNE.

En revanche la situation semble meilleure au quartier Jacques Opangault. Car, ici, non seulement la qualité du courant électrique est bonne, mais la population ne paie pas les factures du courant. La présence des agents de la SNE, précisément ceux chargés de distribuer les factures n’est pas la bienvenue. Selon un témoignage,  en 2010, par exemple, les agents de la SNE qui avaient tenté cet exercice avaient failli perdre leur vie. « Si ce n’étaient pas leurs bonnes performances athlétiques, ils seraient morts, lynchés par les populations », a témoigné un habitant de Jacques Opangault.

Les populations de cette partie de la ville seraient en froid avec les pouvoirs publics, accusés d’être indifférents à l’enclavement pérenne de leur quartier, vieux de plusieurs décennies. Jacques Opangault est un quartier dépourvu d’une véritable voie et reste confronté au manque d’eau potable. «Négligés par les pouvoirs publics depuis longtemps, nous, on doit quand même bénéficier du courant, mieux vaut ça que rien », a lancé un autre habitant.

La gratuité de l’électricité dans ces deux quartiers n’est pas une exception. À Brazzaville, surtout dans les quartiers périphériques, l’électricité appartient à qui veut la prendre. Ce qui constitue un grand manque à gagner pour la SNE, une société qui, malgré ses efforts, peine toujours à combler les attentes de sa clientèle. Mais la réhabilitation effective de son réseau, c’est l’une des panacées qu’il faut.