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Solidarité dans le commerce de la friperie

Le phénomène de « voirie » observé dans le commerce de la friperie est à la mode à Brazzaville. Bien des femmes sont passées du statut de ménagère à celui de commerçante quoique peu influentes. Ces vendeuses de fortune peuvent aujourd’hui s’occuper et s’estimer capables de faire face à certaines responsabilités dans leurs foyers.

A Brazzaville, le commerce de la friperie  est l’apanage des femmes. Et, c’est en un temps record que les plus actives écoulent leur marchandise dans les marchés, sur les grandes artères  de la capitale et dans différentes ruelles des quartiers. Ces femmes vendent des  « ballons » contenant des articles d’occasion, amassés et empaquetés dans des sacs en toile plus ou moins transparents formant un paquet rectangulaire.

Un étalage de friperie après le tri, au marché de Makazou

Mais il ne s’agit pas que des vêtements d’occasion. Jouets, peluche et lingerie de cuisine s’y ajoutent. A l’heure du déballage, tous ces articles de qualités qui sont pris d’assaut par les  esprits les plus habiles laissent derrière eux  des articles de peu de valeur, pour le moins qu’on puisse dire. Et, c’est ce lot  d’articles mis de côté qui fait figure de « voirie ».

« La voirie » de la lingerie extirpée du « ballon » de soldes importés, incarne  tout le reste de vêtements jugés plouk suite à un tri d’articles de qualité contenus dans ce même « ballon ». Elle se vend à des personnes désireuses de se lancer dans cette aventure de choses de moindre valeur. Ce qui n’est pourtant pas l’avis de celles qui s’en servent.

« Je suis dans cette pratique depuis près de deux mois  déjà et j’y trouve gain de cause.  Quand j’ai deux cents vêtements dans la voirie que j’ai achetée à 10.000 francs CFA, j’ai en retour 10.000 frs de plus soit un pourcentage de 100%. Là encore il faut dire que je les bazarde à 100 francs l’article.Ce qui n’est pas du tout obligatoire. Rien ne m’empêche d’élever un peu pour vendre à 500 francs », affirme Denise, vendeuse à domicile, habitante du quartier Makazou à Mfilou.

Les vêtements d’occasion, beaucoup sollicités de nos jours, habillent des plus petits aux plus grands. Il suffit juste d’avoir l’œil. A Monique d’ajouter : « Nombre de  commerçantes se disent connaisseuses en la matière du textile et de la mode mais quand on gratte bien, elles se leurrent. Maintes fois, nous  vendeuses retrouvons beaucoup de vêtements de marque  dans ce qu’elles appellent  voirie ».

Mais les abonnées à la  « voirie » ont aussi leurs alliées. Et ces alliées, leurs autres partenaires. Avec la « voirie », la courbe va décroissante. De la vendeuse à l’acheteuse. La « voirie » se vend jusqu’aux guenilles pour satisfaire conducteurs de bus et de taxi, gargotes, cultivateurs. Des couturiers fouineurs s’en servent aussi dans l’ombre. Comme quoi, rien ne se perd  un gant est vite cousu, une taie d’oreiller, un caleçon,  une culotte ou une jupe insignifiante, destinés tout de même à la vente.

Est vendeuse de la « voirie », qui le veut. Se rapprocher d’une femme en exercice de ce commerce suffit pour en sceller les clauses. La voirie est vendue juste après le tri. Il faut parfois attendre la fin de la vente du « ballon » pour passer récupérer les « déchets » où l’on vous fait un prix selon son prix d’achat. Les prix  proposés  vont  de soi. Ils oscillent entre 150.000 et 5.000 francs CFA. «  C’est la « voirie » des vêtements  de tout-âge, non-portés que nous achetons à 150.000 francs CFA », a précisé  Monique, une vendeuse  au marché Total de Bacongo.