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Total invite le Congo à s’adapter à la crise pétrolière

Le directeur général de la société Total E&P Congo, Pierre Jessua a appelé le 24 avril les autorités congolaises à s’adapter à la crise pétrolière, en créant des solutions pour résister. Il a affirmé dans une interview que l’économie pétrolière ne répondait plus à une logique, et que les prévisions n’étaient presque plus sûres. Le Congo doit donc s’adapter en associant les sociétés pétrolières.

Etes-vous toujours en mesure de maitriser les cours sur le marché pétrolier ?

Plus personne ne veut s’aventurer à prédire le prix du baril. Il y avait plusieurs logiques qui étaient de dire, finalement après trois ans de quasi-arrêt de grands investissements, entre 2014 et 2017, dans l’offre mondiale, il y aurait un affaiblissement. Et que par conséquent, par le jeu de l’offre et la demande, je dirais que la demande se retrouverait au-dessus de l’offre avec l’augmentation des coûts. Mais, on voit que l’économie du pétrole est beaucoup plus compliquée. Il y a notamment la production des huiles de schistes aux Etats-Unis qui fait le complément de production, malgré les quotas faits par ailleurs par l’OPEP (Ndlr, Organisation des pays producteurs et exportateurs de pétrole).

Donc, ce que nous sommes en train de nous dire, au secteur pétrolier, il faut s’adapter. On ne peut pas attendre une remontée hypothétique des prix du pétrole. Il faut retrouver les marges de rentabilité qui se retrouvent grâce à la discipline budgétaire et à la réduction des coûts. Et le groupe Total a été le premier à lancer cette tendance et s’est montré comme le champion au niveau de cette discipline budgétaire. Il n’y a pas de recette miracle, mais il faut effectivement maitriser à nouveau les coûts, retrouver de la flexibilité, retrouver une dynamique de développement et d’investissement. Donc le message qu’on fait passer, c’est que la situation est difficile, et particulièrement pour le Congo qui connaît une crise importante. Et nous, le secteur pétrolier, nous devrons être aux côtés de la République en ces temps difficiles. Il y a des solutions par l’innovation, par la technologie, par le dialogue avec la République pour trouver des schémas gagnant-gagnants pour passer cette crise. Mais le message véritable, c’est effectivement la réduction des coûts, l’efficacité, afin de trouver des marges de manœuvres.

Il faut que l’industrie travaille ensemble, tout le secteur doit être mobilisé, aligné, mieux se connaître et trouver de bonnes solutions afin de trouver de gain d’efficacité et d’arriver à lancer des projets moins chers, et à ce moment là, au bénéfice de tous.

Est-ce une explication aux pénuries récurrentes de carburant ?

Il faut distinguer la production du brut et la distribution du carburant dans le pays. Le Congo continue de se développer en production du brut, grâce notamment au projet géant Moho Nord, que Total a mis en marche dès le 14 mars. Ensuite, il y a des difficultés dans le pays dans la distribution de carburant, dues notamment aux difficultés d’acheminement entre Pointe-Noire où se trouve la raffinerie du Congo et Brazzaville qui est un centre de grande consommation et le reste du pays.

Total comprend-il la nécessité pour le Congo de diversifier son économie ?

En tant que pétrolier, même si le groupe a un souhait évident de s’orienter vers les énergies renouvelables, je dirais qu’il est très clair que le Congo a besoin d’une diversification. C’est le mot d’ordre du président de la République. Et nous, au niveau de Total E&P Congo, on essaie d’accompagner au travers d’initiatives de formation, d’aides à des entreprises qui ne sont pas dans notre secteur directement, mais qui peuvent apporter la contribution. Je pense à l’agroalimentaire et éventuellement aux nouvelles technologies.