Close

Vinie, une conductrice de bus sur les lignes de Brazzaville

Virginie N’Kouka. « Vinie », pour les intimes, est l’unique femme qui conduit le bus de la Société de transport public urbain (STPU) à Brazzaville. La quarantaine révolue, Vinie fait l’objet de l’étonnement et de l’admiration des usagers…

Ses collègues l’appellent « Mal à l’aise », du nom attribué par l’opinion publique, à ces énormes bus de 12,5 mètres de long conte de la société de transport public et urbain (STPU), dont  elle est l’unique conductrice à Brazzaville, sur toute une pléiade de conducteurs.

Cette femme dévouée conduit un bus long de 12,5m, contenant 80 places dont 36 assises. Une fois plein à craquer, le bus fait un poids qui avoisine les 8 tonnes. A ce moment-là, Virginie n’a plus qu’un seul  mot sur ses lèvres : prudence. Surtout que l’état des routes est en quasi-totalité alarmant. Au volant, son accoutrement est des plus simples : polo, jean. « C’est moins encombrant certes mais je ne m’empêche pas aussi de m’habiller en pagne africain quand je le désire ».

La conductrice circule sur neuf lignes à Brazzaville, à raison de trois lignes par semaine. Elle va plus loin en parcourant elle les artères des quartiers périphériques comme Nganga-Lingolo, Mayanga, Kintélé. Debout dès 4h30, cette femme mariée et mère de trois gosses, travaille de 5h30 à 20h30, avec une pause d’une heure au beau milieu de la journée. La  diva du transport en commun travaille tous les mardis, jeudis et samedis. « Lorsque je suis hors-service, je profite toujours de m’occuper en tant qu’épouse, mère, fille, sœur et amie. De toutes les façons, je me suis toujours considérée comme toute autre femme, même si depuis 18 mois, je passe pratiquement inaperçue. »    

Caissière de carrière, Virginie est aussi une excellente coiffeuse esthéticienne. A ses heures perdues, Vinie a appris la conduite auprès des chauffeurs de son père qui possédait de gros camions de transport marchandises dans le Pool. Détentrice d’un permis trois caché, elle n’a pas hésité de faire son offre de service à la nouvelle société de transport en commun. C’est pourquoi elle a été formée par une équipe composée de Congolais et d’Indiens. «  Je conduisais auparavant. J’avoue que cette formation ne m’a servi que de recyclage. Figurez-vous que j’avais déjà mes trois cachets quand cette aubaine s’est présentée à moi. En fait, mon père disposait des véhicules poids lourds et très tôt, je me suis intéressée à la conduite automobile de ces gros engins-là », confie-t-elle.

Sur cinq femmes en formation, elle a été la seule à être retenue. Aujourd’hui, Virginie N’Kouka fait des admirateurs lorsqu’elle conduit des vies humaines  sous le regard effaré des passagers. « Ce n’est pas fiable du tout! » disaient au départ  ces hommes et femmes surpris d’être conduits par une femme, alors que la plupart des petits enfants, observateurs, se contentaient et se contentent encore d’agiter leurs petites mains à son endroit, avant de quitter le bus. Un signe qui en dit long, pour Virginie.